Un réseau de prostitution marocain démantelé à Jakarta : ces courtisanes qui remplissent les caisses du roi
Une descente des services de l’immigration de l’Indonésie dans une discothèque d’un quartier au sud de Jakarta, la capitale du pays, a abouti à l’interpellation de dix-sept femmes, toutes originaires du Maroc, pour prostitution. Il s’agit d’une boîte de nuit appelée De Leila, un lieu de vie nocturne dans un centre commercial, qui est connu pour accueillir des Moyen-Orientaux. Selon les responsables de l’immigration, cités par les médias locaux, six des dix-sept femmes ont été libérées, aucune indication qu’elles travaillaient comme prostituées n’ayant été relevée sur elles. Concernant les onze autres, par contre, les mêmes sources annoncent que les enquêteurs indonésiens ont découvert qu’elles voyageaient fréquemment au départ ou vers Jakarta et elles ont été incapables de donner une explication satisfaisante à propos des motifs de leurs déplacements.
Les enquêteurs des services indonésiens de l’immigration ont déclaré aux médias que ces prostituées marocaines ciblaient principalement des clients étrangers et facturaient leurs services jusqu’à 5 millions de roupies (plus de 350 euros). Les riches touristes arabes venus des pays du Moyen-Orient constituent l’écrasante majorité de leur clientèle. Les médias indonésiens font savoir que les services de l’immigration en collaboration avec la police étudient toujours le cas de ces prostituées qu’ils soupçonnent de travailler pour un réseau de prostitution organisée. Ils précisent que les femmes marocaines sont entrées en Indonésie avec des visas touristiques. Ils rappellent que le Maroc figure sur la liste des pays dont les ressortissants peuvent entrer sans visa en Indonésie pour une période de 30 jours.
Pour certains responsables indonésiens, ces facilités encouragent l’activité des réseaux marocains de prostitution. Ce n’est pas la première fois que des femmes marocaines sont arrêtées sur des soupçons de travail du sexe en Indonésie. Cela est arrivé fréquemment dans la région Puncak de Bogor, qui est un lieu de vacances très prisé par les hommes fortunés arabes. Il y a un peu plus de deux ans, un rapport du département d’Etat américain avait révélé l’ampleur du phénomène de la prostitution de femmes marocaines dans le cadre d’un trafic sexuel en Europe et au Moyen-Orient. A l’époque, selon ce rapport, la destination privilégiée de ces prostituées marocaines était notamment les Emirats arabes unis, le Bahreïn et la Jordanie.
Ce rapport a décrit le Maroc comme une plaque tournante des réseaux de prostitution, soulignant que 70% des Marocaines ayant immigré dans les pays du Golfe se livreraient à la prostitution. Le rapport cite Joy Ngozi Ezeilo, rapporteuse spéciale de l’ONU sur la traite des personnes qui a effectué une visite au Maroc en juin 2013 et selon laquelle des milliers de filles marocaines avaient été envoyées vers les monarchies pétrolières du Golfe pour se prostituer. Des intermédiaires sans scrupules s’emploient activement à trouver de nouvelles recrues pour leurs clients des pays du Golfe, avait-elle noté. Ce trafic est étendu aux pays du Sud-Est asiatique, comme l’Indonésie.
Par ailleurs, le Maroc est classé première destination pour le tourisme sexuel, impliquant particulièrement des enfants. Un journal marocain avait révélé que le gérant d’une boîte de nuit de Marrakech est allé jusqu’à proposer de «belles prostituées sur catalogue à des clients de différentes nationalités, principalement issus des pays du Golfe». La descente effectuée dans la boîte de nuit à Jakarta samedi dernier confirme que ce fléau continue d’accabler le pays du «commandeur des croyants».
Houari Achouri
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