Un monument dédié à Abdelhafid Yaha sera inauguré ce 1er Novembre à Ifarhounène
La famille du moudjahid Abdelhafid Yaha annonce, dans un communiqué parvenu à notre rédaction, l’inauguration, ce 1er Novembre, d’un monument dédié à ce héros de la Révolution et membre fondateur du Front des forces socialistes (FFS). Le monument a été érigé dans son village natal, à Ifarhounène, dans la wilaya de Tizi Ouzou. L’ancien commandant de l’ALN est décédé en janvier 2016 à l’âge de 83 ans dans un hôpital parisien. Né en 1933 à Takhlijt Ath Atsou, au sommet du Djurdjura, dans une famille de révolutionnaires, Abdelhafid Yaha fait partie de ces combattants de la première heure ayant pris le maquis après la Seconde Guerre mondiale. Il a milité des années durant aux côtés des Krim Belkacem, Amar Ouamrane et Amar Nath Cheikh, avec qui il s’attellera à organiser les premiers maquis en Kabylie.
Très connu dans le microcosme politico-révolutionnaire, Abdelhafid Yaha demeure toutefois inconnu du grand public. Or, son apport à la révolution en Wilaya III, puis avec les rebelles du FFS à partir de 1963, est si important. Désabusé par la «terrible situation» dans laquelle se trouvait le pays, avec les luttes intestines qui ont éloigné les dirigeants de leur peuple, il décide se rebiffer. «L’Algérie mérite mieux, écrit-il, et nous ne pouvons pas nous taire plus longtemps».
Auteur d’un témoignage décapant paru en 2014, le commandant Yaha ne ménage pas les fondateurs du FFS dans certains choix ou certaines orientations, et relate avec force détails les péripéties qui ont amené à la création du FFS et comment Hocine Aït Ahmed fut le dernier à adhérer au mouvement d’opposition après moult sollicitations de Krim Belkacem et, surtout, du colonel Mohand Oulhadj. Cette radiographie du maquis du FFS dévoile les zones d’ombre occultées aussi bien par les historiens que par les autres acteurs. L’ouvrage intitulé FFS contre dictature est le deuxième tome des mémoires de cet ancien officier paru aux éditions Koukou, dirigées par Arezki Aït Larbi.
Après l’évasion d’Aït Ahmed de prison, en 1965, et son départ en exil, Yaha est resté quelques années en Algérie avant de s’exiler à son tour en France et continuer son combat aux côtés d’Aït Ahmed. Mais les relations entre les deux hommes ont commencé très rapidement à se détériorer. L’ex-commandant reprochait à son chef sa tendance à s’éloigner de la base militante et à se passer de l’avis de ses collaborateurs. Il n’appréciera pas du tout, par exemple, l’arrivée d’Ali Mécili au FFS qu’il soupçonnait d’être un agent secret, et n’hésita pas à le faire savoir à Aït Ahmed. Il a également dénoncé, en son temps, le fameux accord entre ce dernier et Ahmed Ben Bella, en 1985 à Londres. Il n’a jamais accepté cette alliance avec celui qui, disait-il, «torturait» ses camarades au maquis.
A son retour au pays, en 1989, Abdelhafid Yaha dénonce encore une fois «l’empressement» de la direction du FFS à l’époque, représentée par Hachemi Naït Djoudi, d’obtenir son agrément. La rupture avec Aït Ahmed était consommée. Avec d’anciens militants de 1963, il tenta de créer un FFS parallèle dans la clandestinité, mais l’expérience fut un échec. Il finit par fonder le Front des forces démocratique (FFD).
Karim Bouali
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