Le lynchage d’un voleur à Akbou relance le débat sur l’insécurité
Une vidéo relayée sur les réseaux sociaux depuis hier lundi, montre des séquences effroyables d’une scène de lynchage d’un autre âge dans un marché hebdomadaire à Akbou (67 kilomètres au sud de Béjaïa), où un jeune homme, soupçonné de vol et d’agression contre un éleveur, a été arrêté par des citoyens et suspendu, nu, à un poteau électrique pendant plus d’une heure. Le jeune homme n’a dû son salut qu’à l’intervention de nombreux policiers dépêchés sur les lieux. Ces derniers ont eu du mal à calmer une foule furieuse qui entourait le «supplicié» et voulait visiblement l’achever sur place.
Les avis sont partagés sur cet antécédent grave, entre ceux qui justifient le lynchage public de ce type de malfaiteurs, en dénonçant l’absence des forces de sécurité et leur passivité face à la délinquance, ce qui aurait poussé la population à se faire justice elle-même, et ceux qui se sentent horrifiés par le caractère barbare et moyenâgeux d’un tel acte.
Pour certains, cette scène rappelle l’épisode trouble du «printemps noir» (2001-2003) dans cette région, où, face à la vacance d’autorité, des comités de quartier, parfois infiltrés de repris de justice, ont été amenés à faire le travail de police, avec les excès et les abus qu’on a connus.
Laissé pour mort, le voleur a été évacué à l’hôpital d’Akbou dans un état critique. Selon la cellule de communication de la wilaya de Béjaïa, dans un communiqué diffusé en début de soirée, son état de santé était «stabilisé à l’heure qu’il est» et devait «quitter l’hôpital dès ce soir». Ce service de wilaya tient à démentir formellement l’information ayant circulé à travers les réseaux sociaux évoquant avec insistance la mort de l’individu tabassé au souk d’Akbou, et indique qu’une enquête a été ouverte par les services concernés.
Rabah A.
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