Novembre : l’ultime rempart ?
Par R. Mahmoudi – Plus que toute autre commémoration, celle du déclenchement de la Révolution du 1e Novembre 1954 revêt toujours un caractère particulier, avec ses rebonds et toutes les diverses polémiques médiatiques et politiques qu’elle ne finit pas de susciter, depuis que la moudjahida Ighil-Ahriz avait relancé le débat sur la torture sur les colonnes du journal Le Monde, en 2001.
Ce 62e anniversaire du 1er Novembre intervient dans une conjoncture marquée par deux faits en liaison avec ce repère historique fondateur : il y a d’abord cet éternel quiproquo avec la France, qui n’a pas encore trouvé une issue, puisque Paris s’entête toujours à ignorer les doléances d’Alger, relayé par des segments entiers de la classe politique et de la société civile, sur l’impératif de la reconnaissance des crimes commis par l’armée française durant la période coloniale en Algérie. Le dernier en date, découvert récemment, est celui des nombreux ossements et crânes de résistants algériens exposés dans un musée à Paris.
Loin d’être attentifs à ces appels, les politiques français, plongés dans leur campagne pour la présidentielle, font dans la surenchère identitaire et nationaliste avec une pensée politique régressive – touchant même la gauche traditionnelle – qui épouse de plus en plus ouvertement les idées de l’extrême-droite. Un défi aux militants et intellectuels qui continuent, malgré tout, à lutter pour faire aboutir ce «devoir de mémoire». Ces pressions ont quand même abouti à l’abrogation de l’infâme loi du 23 février 2005 faisant l’apologie de la colonisation, bien que tout cela n’ait pas eu encore raison du dogmatisme si tenace des décideurs politiques.
Du côté algérien, les polémiques récurrentes liées à l’écriture de l’histoire, comme le montrent les sorties médiatiques sur des épisodes troubles tels que la Bataille d’Alger et la «bleuite», prouvent qu’une bonne partie du débat politique chez nous est encore dominée par l’histoire – d’où, aussi, le retour en force du FLN sur la scène politique – qu’on présente comme «l’ultime rempart» contre les risques d’intervention étrangère, avec ces appels persistants à «immuniser le front interne».
R. Mahmoudi
Comment (2)
Les commentaires sont fermés.