Le cousin de Kadhafi félicite l’Algérie et adresse un message indirect aux Libyens
Ahmed Gaddaf Addam, cousin et très proche collaborateur de l’ancien guide libyen Mouammar Kadhafi, a rendu hier un hommage vibrant à l’Algérie et aux Algériens à l’occasion du 62e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale. Dans un message posté en arabe sur sa page Facebook, il a loué les lourds sacrifices consentis par le peuple algérien pour se libérer du joug colonial. «A l’occasion de ce glorieux anniversaire forgé avec le sang de plus d’un million de martyrs qui ont lutté contre le colonialisme qui a voulu faire de l’Algérie un département français, je rends hommage au peuple algérien qui a su vaincre son agresseur», écrit Ahmed Gaddaf Addam qui vit actuellement en Egypte. L’ancien bras droit de Mouammar Kadhafi ajoute que «par sa victoire et sa volonté, notre peuple en Algérie a démontré que l’entreprise coloniale était vouée à l’échec». «Jour glorieux, cet anniversaire procurera de la fierté aux hommes libres d’Algérie et l’inspiration suffisante pour relever les défis qui se présenteront à eux. Cet anniversaire restera un grand jour pour tous les hommes libres», a-t-il poursuivi.
Clin d’œil aux félons
En félicitant le peuple algérien de la sorte et en parlant d’hommes libres, Ahmed Gaddaf Addam qui, depuis son exil cairote, ne cesse de dénoncer le plan de dépeçage de son pays par les Occidentaux, s’adressait en réalité à ses propres compatriotes qui ont cédé, en 2011, au chant des sirènes et détruit leur pays de leurs propres mains sur instigation du binôme Sarkozy-Bernard-Henri Lévy. Ces Libyens félons qui gravitent aujourd’hui autour du général Khalifa Haftar (qui s’est auto-désigné maréchal) sabordent avec acharnement les efforts du gouvernement d’union nationale reconnu par la communauté internationale de remettre la Libye sur les rails.
Soutenu financièrement et militairement par l’Egypte et la France, le général Haftar fait actuellement pression sur le parlement de Tobrouk pour ne pas reconnaître le gouvernement d’union nationale issu des accords du mois de décembre 2015 sous prétexte que le cabinet dirigé par Fayez Sarraj est noyauté par les islamistes. A la tête d’une milice armée composée de mercenaires, dénommée armée nationale libyenne, il a récemment fait main basse sur le croissant pétrolier libyen afin de couper les vivres au gouvernement Sarraj.
Dans son entreprise visant à s’imposer par la force, Khalifa Haftar a récemment encouragé Khalifa Al-Ghowel, l’ancien Premier ministre investi par le Congrès général national, à mener un coup d’Etat à Tripoli pour en chasser Fayez Sarraj et son gouvernement d’union nationale. Ce stratagème a lamentablement échoué puisque la communauté internationale a renouvelé son soutien à ce dernier. Lors de leur réunion tenue à la fin du mois dernier à Niamey, les pays voisins de la Libye ont clairement indiqué qu’ils ne lâcheront pas Fayez Serraj. Livrée depuis 2011 aux seigneurs de guerre, la Libye se morcelle, tandis que les milices font régner la terreur sur les populations civiles et les immigrés en transit.
Les raisons d’une intervention
Véritable réquisitoire contre l’intervention militaire en Libye, un récent rapport parlementaire britannique confirme les critiques exprimées par les opposants aux menées bellicistes de Cameron et Sarkozy. En quelques pages, le rapport parlementaire analyse en détail l’intervention militaire en Libye dirigée conjointement par David Cameron et Nicolas Sarkozy. Il en souligne les erreurs d’appréciation, la méconnaissance du pays, dénonce les informations erronées et révèle, pour la France, les véritables raisons de l’intervention.
Les auteurs en voient cinq : s’emparer d’une plus grande part du pétrole ; augmenter l’influence de la France en Afrique du Nord – après la désastreuse proposition de la ministre des Affaires étrangère Michèle Alliot-Marie d’aider Ben Ali à mieux réprimer les révoltes populaires en Tunisie ; améliorer la situation politique intérieure ; donner une occasion à la France de s’afficher comme une puissance militaire ; réitérer sa mainmise sur son pré-carré africain.
Le rapport estime, par ailleurs, que la menace contre les civils a été largement exagérée, se fondant uniquement sur la rhétorique de Kadhafi, alors que les faits infirment ses diatribes. En effet, les villes qui ont été reprises par ses troupes n’ont pas donné lieu à des massacres de civils.
Khider Cherif
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