Les politiques ont la tête ailleurs
Par Kamel Moulfi – L’heure est aux réunions, aux rencontres et aux rassemblements pour quasiment toutes les formations politiques. Il s’agit, pour elles, d’occuper le terrain médiatique, une préoccupation qui grandit à mesure que l’échéance électorale des législatives approche. De quoi parlent les dirigeants des partis ? Pour ceux de l’Alliance présidentielle informelle, c’est invariablement le serment de fidélité au «programme du Président» qui domine, et pour ceux de l’opposition, au contraire, la critique de ce que fait ou prévoit de faire le pouvoir. Point commun à toutes ces formations politiques : les règlements de comptes internes pour neutraliser les velléités de «redressement» et pour le contrôle de la direction du parti.
Pendant ce temps, sur le terrain du réel, la société bouillonne. Il ne faudrait pas être surpris de voir l’action syndicale menée par des organisations «autonomes», supplanter l’activisme politique des partis de la majorité présidentielle. L’état d’esprit d’une grande partie de la population est concentré sur leurs problèmes quotidiens. Les informations sur les grèves dans divers secteurs et les manifestations incessantes dans de nombreuses localités, indiquent une volonté de résister face à la dégradation du pouvoir d’achat et des conditions de vie.
Quand la protestation est organisée et bien encadrée, comme c’est le cas des actions des travailleurs, le risque de dérapage est quasiment nul pour peu que la raison l’emporte, de part et d’autre, dans la gestion des conflits, mais s’il s’agit d’un mouvement spontané ou, pire, manipulé à d’autres fins, comme cela est déjà arrivé dans certaines localités, le retour au calme sera coûteux.
Les dirigeants politiques, en particulier ceux de la majorité présidentielle, censés être à l’écoute des vraies préoccupations des citoyens, regardent ailleurs. Exemple significatif, le décalage du FLN par rapport à la société : le premier objectif visé par le secrétaire général, Djamel Ould-Abbès, est la préparation des élections législatives, avec, évidemment, en arrière-pensée, le choix des candidats sur fond d’une rude bataille entre les redresseurs, pas complètement mis au pas, et les nouveaux maîtres du parti.
K. M.
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