Lynchage d’un voleur dans la ville d’Akbou : les imams réagissent
Plusieurs imams et prédicateurs se sont élevés contre le recours à la violence suite à l’incident d’Akbou (Béjaïa) où un jeune a été gravement violenté, estimant que la sanction des fauteurs relevait des prérogatives de l’Etat et que le citoyen ne pouvait pas se substituer à la justice. Le secrétaire général de la Coordination nationale des imams et fonctionnaires des affaires religieuses, Djeloul Hadjimi, a déploré ces actes punitifs appelant à laisser les parties compétentes, notamment les services de sécurité et la justice accomplir leur mission. Pour rappel, les services de Sûreté de la wilaya de Béjaïa ont sauvé, lundi dernier, un citoyen d’un lynchage qui a failli lui coûter la vie. Le jeune, accusé de vol, a été dévêtu, ligoté, pendu par les chevilles, passé à tabac et aspergé d’essence. Hadjimi a appelé à traiter de tels phénomènes par des procédés pédagogiques soulignant qu’il incombait aux services de sécurité et à la justice d’enquêter sur ces agissements susceptibles d’attenter aux fondements de la société civile et à d’autres intérêts de l’Etat. Il a insisté sur le rôle de la mosquée pour ancrer les valeurs morales et humanistes et raffermir l’unité nationale.
L’imam de la grande mosquée d’Alger, Ali Aya, a mis en garde contre de tels comportements pouvant entraîner des règlements de comptes. Le directeur de la culture islamique au ministère des Affaires religieuses, Boumediene Bouzid, a considéré cet incident comme un «précédent grave» impliquant un retour aux pratiques vindicatives qui marquaient certaines sociétés arabes en dépit de l’existence d’un Etat qui garantit les droits et libertés des citoyens et chargé de l’application de la loi.
La problématique est née du fait que des criminels ne purgent pas la totalité de leur peine et bénéficient souvent des mesures de grâce, a-t-il soutenu, insistant sur le fait que le recours à la vengeance collective était banni dans un Etat civil. Cheikh Touhami Bensaad, de l’Association des oulémas musulmans algériens, a rappelé l’obligation de respecter l’ordre établi dans le pays et les institutions de l’Etat. Le gouverneur reste le garant de la sécurité de l’Etat et des citoyens, a-t-il dit.
Le président de la zaouïa Kacimia, membre du Haut Conseil islamique, cheikh Maamoune Kacimi, a indiqué que l’application des sanctions relevait du gouverneur ou des parties compétentes et habilitées en la matière. Il a appelé les responsables de la justice à accomplir leur mission afin que de tels agissements ne se rééditent guère et insisté sur la nécessité d’inculquer les valeurs morales aux générations montantes.
R. N.
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