Un citoyen entendu par la gendarmerie pour avoir dénoncé l’occupation illégale d’une mosquée par des salafistes
Chassés à plusieurs reprises des villages de Kabylie, les salafistes ont tenté cette semaine une nouvelle incursion dans la région d’Aghribs, dans la wilaya de Tizi Ouzou, en essayant, cette fois-ci, d’occuper une mosquée en construction. Un journaliste originaire de ce village, Idir Tazerout, alerte sur sa page Facebook qu’une plainte a été déposée contre lui par un extrémiste qui l’accuse d’avoir dénoncé sur les réseaux sociaux «l’occupation illégale» de la mosquée de son village par un groupe de salafistes. Il révèle que ladite mosquée, en phase de construction, a été occupée par une douzaine d’adeptes de la doctrine wahhabite étrangers au village. Le journaliste, apprend-on encore, a été entendu par la gendarmerie et devrait comparaître devant le procureur de la République dans un mois.
C’est la première fois que les salafistes décident de judiciariser une affaire dans laquelle ils sont pourtant les premiers mis en cause. De leur côté, les villageois de cette région de Haute-Kabylie, fief traditionnel du RCD, maintiennent la mobilisation contre les tentatives d’invasion à répétition des extrémistes islamistes. Déjà en 2010, des éléments vêtus à la manière salafiste avaient essayé de s’incruster dans ce même village en pilotant discrètement le projet de construction d’une nouvelle mosquée. Ils se sont manifestés en voulant s’opposer à la restauration de l’ancienne mosquée du village, symbole de l’islam ancestral.
En 2013, ils reviennent à la charge et passent à l’offensive, en semant la terreur au sein de la population. Le comité de village d’Aghribs accusera un groupe de salafistes «connu de la justice et des services de sécurité», de continuer de se livrer à des provocations et des menaces contre les habitants. Les villageois estimaient que ce groupe était encouragé dans ses agissements par «la démission des pouvoirs publics». Les agressions, verbales et physiques, n’avaient épargné aucune catégorie, puisque même des élus locaux ont été pris à parti par ces nervis.
Toutes les alertes lancées depuis cinq ans par les citoyens de ce village pour prévenir contre ce fléau qui menace toute la société sont restées lettre morte. L’association des imams algériens serait mieux inspirée de s’intéresser à cette campagne de salafisation de nos mosquées et de notre rite religieux, que de jouer aux moralisateurs dans des affaires qui, comme celle du lynchage du voleur d’Akbou, concernent essentiellement la justice.
R. Mahmoudi
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