Que signifie la levée du contrôle judiciaire imposé à trois dirigeants du FIS dissous ?
Le ministre de la Justice et Garde des sceaux, Tayeb Louh, vient de lever le contrôle judiciaire imposé depuis huit ans à trois ex-dirigeants du FIS dissous. C’est dans une réponse à un député islamiste que le ministre a annoncé cette nouvelle. Ces trois ex-dirigeants du FIS dissous sont Abdelkader Boukahmkham, Kamel Guemazi et Ahmed Ben Mohamed. Le ministre ne donne pas plus d’informations. Techniquement, la levée du contrôle judiciaire veut dire que le concerné retrouve pleinement sa liberté de se déplacer et de quitter le territoire national. Politiquement, cette décision peut signifier beaucoup de choses. La levée du contrôle judiciaire dont ont bénéficié ces trois «figures» de l’islamisme radical en Algérie suscite des questionnements légitimes. S’agit-il d’un nouveau pas dans la mise en application de la réconciliation nationale qui est d’ailleurs intégrée dans la dernière constitution votée en mars dernier ? Le pouvoir prépare-t-il le terrain pour un possible retour de ces ex-responsables du FIS dissous sur la scène politique ? Cherche-t-on à les éloigner de l’opposition islamiste actuelle qui tente de les utiliser politiquement ?
Depuis la mise en application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale en 2006, le pouvoir ne cesse de faire des concessions aux islamistes responsables d’une manière ou d’une autre de la tragédie nationale durant les années 90. Il a permis à Rabah Kebir de revenir presque sur un tapis rouge en Algérie. Il a restitué à Abassi Madani ses biens immobiliers saisis comme il a hissé au rang de personnalité nationale Madani Mezrag qui ne perd pas espoir de reconstituer son organisation terroriste AIS.
Mieux encore, depuis quelques années, le pouvoir travaille l’opinion publique à travers ses réseaux médiatiques pour qu’elle accepte que ces islamistes prennent une «bonne» place dans la vie politique nationale en les présentant presque comme des «victimes» de la décennie noire.
Quelle sera la prochaine étape ?
Hani Abdi
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