Abdelmalek Sellal désamorcera-t-il les tensions entre l’Algérie et l’Arabie Saoudite ?
Le voyage qu’effectuera le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en Arabie Saoudite, les 15 et 16 novembre prochains, suscite des interrogations sur la portée politique et stratégique d’un tel rapprochement dans le contexte actuel. La priorité de l’heure pour les deux parties est sans doute la préparation de la réunion de l’Opep, prévue le 25 novembre à Vienne, et déterminante pour l’avenir du marché pétrolier qui traverse une période d’instabilité dangereuse pour tous les pays exportateurs. Les deux pays ont intérêt à maintenir l’effort de stabilisation des niveaux de production, tel que préconçu dans la réunion d’Alger du 28 septembre dernier, dans le but d’arrêter une dégringolade fatale pour leurs économies. Touchés au même titre par cette crise, Alger comme Ryad ont commencé cette année à mettre sur pied une politique d’austérité avec, pour ce qui concerne la monarchie saoudienne notamment, des mesures draconiennes – coupes budgétaires, baisse massive des salaires, etc. – prises pour éviter une faillite imminente de cette monarchie pétrolière. Les deux pays ont comme objectif commun de convaincre les pays non membres de l’Opep – la Russie, l’Iran… – de respecter leur engagement. Riyad sait qu’elle peut compter sur Alger pour mener ce travail.
Cette visite intervient également dans une conjoncture internationale et régionale très tumultueuse, marquée par des foyers de tension que continuent à alimenter plusieurs insurrections armées et agressions terroristes dans lesquelles la monarchie saoudienne joue un rôle très visible, voire direct, comme c’est le cas au Yémen où une coalition arabe conduite par l’armée saoudienne participe depuis deux ans au bombardement des positions tenues par les rebelles du mouvement houthi.
L’Algérie est connue pour être l’un des rares pays de la Ligue arabe à s’opposer à cette guerre. Une position qui a longtemps envenimé les relations entre Alger et Riyad. Connue pour sa politique de non-ingérence, l’Algérie s’est néanmoins prononcée à maintes reprises contre l’ostracisme appliqué contre la Syrie au niveau de la Ligue arabe. Elle a aussi refusé de suivre l’Arabie Saoudite et ses alliés dans la mise en quarantaine du Hezbollah et son classement sur la liste des organisations terroristes. De même, les déclarations audacieuses du ministre algérien des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, exprimant son refus de l’idéologie wahhabite, n’auront fait qu’attiser l’animosité des Al-Saoud à l’égard de l’Algérie.
La visite de Sellal est donc l’occasion pour les deux parties d’aplanir tous ces différends et de jeter les bases d’une refondation de ces relations.
R. Mahmoudi
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