Quelque chose a changé
Par Kamel Moulfi – Pour la première fois depuis très longtemps, la discussion sur un projet de loi de finances à l’Assemblée populaire nationale (APN) résonne fort de termes qui se rapportent à la fiscalité et, en particulier, du plus significatif d’entre eux : taxes, au pluriel. Est-ce le signe que l’Algérie est en train de changer ?
La baisse drastique des recettes extérieures tirées de la vente des hydrocarbures et la conviction bien établie maintenant chez les décideurs qu’il n’y a rien de plus hasardeux que de continuer à compter sur la manne pétrolière pour répondre aux besoins du pays, ont fait disparaître, comme par une baguette magique, le discours d’autosatisfaction bâti sur une aisance financière qui s’est révélée finalement aléatoire. Pour l’heure, la préoccupation pressante au niveau du gouvernement a trait aux dépenses locales ; celles des communes.
Au cours de la rencontre gouvernement-walis qui s’est tenue samedi et dimanche à Alger, l’atelier-vedette a été celui portant sur la réforme des finances et de la fiscalité locales. La solution miracle trouvée est dans les taxes à appliquer avec rigueur, pour celles qui existent déjà, ou celles à créer pour générer de nouvelles rentrées financières. Incidemment, on se rend compte que beaucoup de «promoteurs» d’activités locales, par exemple l’exploitation des salles des fêtes, ne payaient rien à la commune où elles sont installées, ou très peu, en contrepartie d’une situation de rente qui permettait un enrichissement très rapide.
Mais l’argent suffit-il à améliorer la gestion locale et en particulier les performances des services publics de base ? Sans doute, pas, comme le prouve l’expérience. Il faut plus, autrement dit, investir dans les capacités en ressources humaines, avoir des élus intègres et issus des élites locales, suffisamment instruits et formés à la gestion moderne transparente, faire participer effectivement la population à cette gestion locale en dehors du clientélisme démobilisateur, et, surtout, donner toute son importance à la fonction de contrôle qui doit être prémunie contre la corruption.
K. M.
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