Trump va assécher les comptes des Al-Saoud : la fin de la dynastie wahhabite ?
Depuis que Donald Trump a été élu pour succéder à Barack Obama à la Maison-Blanche, la monarchie saoudienne n’arrête pas de faire des cauchemars. Il y a de quoi. Lors de sa campagne électorale, le candidat républicain avait promis de retirer à Riyad son parapluie militaire. Après ce que vient de déclarer Donald Trump, il est certain que le roi Salman et sa cour perdront durablement le sommeil.
Le magnat américain de l’immobilier a, en effet, confié, mercredi au magasine Forbes, que les Etats-Unis n’achèteront plus une goutte de pétrole d’Arabie Saoudite et qu’il respectera ses promesses de campagne. Une campagne au cours de laquelle Trump avait promis de garantir l’indépendance énergétique des Etats-Unis contre «ses adversaires et les cartels pétroliers». Tout cela en favorisant «une totale indépendance énergétique américaine». Cette annonce a de quoi provoquer les pires des nuits blanches aux Saoudiens, surtout qu’actuellement la situation économique du royaume ne va pas fort.
Bien qu’apparaissant inquiet, Khalid Al-Falih, ministre saoudien du Pétrole et également président d’Aramco, ne pense cependant pas que Donald Trump ira jusqu’à mettre à exécution sa menace. «Le président élu Trump verra les avantages des importations pétrolières saoudiennes. Je pense que l’industrie pétrolière lui conseillera également que le blocage du commerce n’est pas sain, surtout que les Etats-Unis sont une sorte de porte-drapeau pour le capitalisme et du libre marché», s’est-il contenté de dire à la presse. Bref, les Saoudiens comptent sur la realpolitik et le poids des lobbies d’affaires pour faire plier Donald Trump et ainsi protéger leurs positions sur le marché pétrolier américain.
Malgré le boom pétrolier des schistes américains, qui en ont fait le troisième producteur mondial de pétrole brut, les Etats-Unis continuent de s’appuyer fortement sur les importations de pétrole brut. Aussi, il est difficile de savoir si Donald Trump arrivera à rendre l’Amérique autonome en matière énergétique. Au Moyen-Orient, l’Arabie Saoudite est le plus grand fournisseur de pétrole des Etats-Unis avec des parts de marché de 11%. Pour verrouiller son offre, Riyad a également investi massivement dans des actifs aux Etats-Unis (aval pétrolier). Environ 31% de toutes les importations de pétrole des Etats-Unis proviennent de membres de l’Opep, tandis que les importations de pétrole canadien ont une part de 41%.
L’Arabie Saoudite, pour sa part, a été frappée de plein fouet par la baisse drastique des prix du brut. Les prix ont connu ces deux dernières années une chute libre. Ils sont descendus de 115 dollars le baril à 40 dollars. Le pays, qui jadis roulait sur l’or, a enregistré des déficits budgétaires record de 98 milliards de dollars l’an dernier. Cette année, il est prévu un déficit de l’ordre de 87 milliards de dollars. Les réserves de devises saoudiennes sont également en baisse.
La baisse des prix du pétrole ont aussi forcé Riyad à mettre en place des mesures d’austérité impopulaires. D’ailleurs, il n’y a pas un jour qui passe sans que l’on assiste à des manifestations de mécontentement. Avec l’important effort de guerre qu’elle consent au Yémen, l’Arabie Saoudite risque bien d’avoir des difficultés pour acheter la paix sociale, comme elle a l’habitude de le faire. Cela sera d’autant plus vrai si Donald Trump s’emploie à assécher ses comptes.
Khider Cherif
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