Un militant écologiste algérien raconte comment et pourquoi il a été arrêté au Maroc
Le docteur Hamza Hamouchène, militant algérien basé en Grande-Bretagne, principal coordinateur du programme Afrique du Nord et Asie occidentale au sein de l’organisation britannique War on Want, a récemment été arrêté par les autorités marocaines alors qu’il tentait de se rendre dans les territoires occupés du Sahara Occidental. Dans un entretien accordé au site Democracynow à partir de Marrakech, où se tenait la COP22, ce ressortissant algérien, qui est également président de l’association environnementale Justice North Africa (Ejna) spécialisée dans les questions environnementales, climatiques et énergétiques en Afrique du Nord, a souligné que sa présence sur place ne revêtait aucun caractère officiel. «Nous avons profité de cette rencontre très médiatisée pour organiser une série d’événements en signe de solidarité avec les peuples et les communautés victimes d’injustices liées aux questions environnementales et, surtout, pour dévoiler au monde entier le vrai visage des politiques de la monarchie marocaine au Sahara Occidental», a-t-il précisé.
Le coordinateur principal de War on Want est revenu sur sa mésaventure lors de son voyage dans le sud du Maroc, à Guelmim. «J’ai fait tout le trajet par bus jusqu’à Dakhla», explique-t-il, précisant que juste avant d’arriver à Tarfaya, une zone frontalière entre le Maroc et les territoires occupés du Sahara Occidental, un détachement de l’armée marocaine a encerclé le bus dans lequel il voyageait. Le docteur Hamza Hamouchène a, alors, été sommé de descendre du bus par un officier des forces armées du Makhzen, qui lui a signifié qu’il avait reçu l’ordre de lui interdire de se rendre à Laâyoune.
Pour Hamza Hamouchène, qui a défié les autorités marocaines en tentant de se rendre dans les territoires sahraouis, cet épisode a permis de montrer la face cachée d’une monarchie aux aguets, sous la direction d’un monarque qui se croit investi d’une mission divine, et l’élite qui gravite autour de lui qui a tout fait pour effacer la question de l’occupation du Sahara Occidental de la COP22, dont les travaux se déroulaient à Marrakech. Hamza Hamouchène a, par ailleurs, dénoncé la récupération politicienne de cet événement. «La COP22 été une occasion rêvée pour le Makhzen pour tenter de soigner son image ternie et cacher ses nombreux dépassements.» Il s’agit, selon le docteur Hamouchène, d’un plan machiavélique mis en place par Rabat pour procéder à un «blanchiment écologique» (greenwash) des crimes environnementaux perpétrés par le Maroc dans les zones occupées du Sahara Occidental.
«J’ai visité plusieurs endroits au Maroc récemment. Les gens souffrent de grandes injustices environnementales», a, en outre, déclaré le militant algérien, citant à titre d’exemple le cas de la population d’Imiter qui lutte, depuis des années, pour mettre fin au gaspillage des ressources hydriques dans leur région par une exploitation effrénée de la mine royale d’argent. «Imiter est située dans le sud-est du Maroc, à environ sept heures de route de Marrakech. Les habitants de cette région luttent depuis des années contre l’exploitation de cette mine d’argent qui pollue l’environnement et provoque des dégâts irréparables sur les terres cultivables» par la Société métallurgique d’Imiter, propriété de Mohammed VI et sa famille. «Il s’agit là d’une preuve irréfutable des mensonges du Makhzen qui tente de faire croire aux pays étrangers qu’il est un champion dans le domaine des énergies renouvelables, alors qu’en réalité, témoigne ce membre de l’organisation britannique War on Want, le Maroc est en tête des pays pollueurs qui exploite sans retenue le sous-sol du Sahara Occidental.»
Le docteur Hamza Hamouchène a, à ce propos, rappelé le récent rapport publié par l’organisation Western Sahara Resource Watch qui révèle l’existence d’énormes projets liés aux énergies renouvelables lancés par le régime marocain dans les territoires sahraouis occupés, à l’image du parc éolien alimentant la mine de phosphate de Bou Craa. Un projet qui «sert aussi de couverture au pillage des ressources naturelles du peuple sahraoui».
De Londres, Boudjemaa Selimia
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