Limogeages en série à Mobilis : que se passe-t-il chez l’opérateur historique ?
Le limogeage du PDG de Mobilis, une année après celui de son prédécesseur, laisse l’opinion publique perplexe quant à la gestion de cette entreprise qui peine à s’imposer face à la concurrence redoutable des deux autres opérateurs privés, autrement plus offensifs. Désigné en décembre 2015 pour assurer l’intérim, Mohamed Habib n’aura pas tenu plus de onze mois, subissant le même sort que Saâd Dama. On ne connaît pas pour l’heure la raison exacte qui a poussé la ministre à prendre cette décision radicale, mais certaines sources évoquent une interdiction de sortie du territoire national qui aurait été signifiée au désormais ex-PDG de Mobilis. L’année dernière, Saâd Dama avait été renvoyé par Houda-Iman Feraoun pour avoir passé un contrat avec le français Orange. Mobilis devait ouvrir 20% de son capital à l’opérateur français, suite à une rencontre qui avait eu lieu entre entrepreneurs algériens et français à Alger en 2013.
Des fuites organisées avaient fait état de la décision de l’opérateur des télécommunications français de s’installer dans notre pays. En février 2015, Orange avait ouvert sa première boutique en Algérie, prélude à une présence durable. Orange visait, à travers sa filiale Horizons, à se faire une place sur le marché algérien. En l’absence d’une quatrième licence GSM, l’opérateur français cherchait, à travers des lobbyistes algériens, à entrer dans le capital de l’opérateur public Mobilis à hauteur de 15% à 20% comme première étape, pour prendre progressivement le contrôle de cet opérateur qui compte plus de dix millions de clients. La ministre de la Poste et des TIC avait évoqué un accord favorable aux Français et sans aucun impact sur les abonnés de Mobilis. Houda-Iman Feraoun avait, en effet, affirmé devant les députés qu’elle regrettait que l’opérateur public algérien n’ait pas négocié des communications gratuites pour le client algérien, «alors que le groupe français a obtenu la gratuité totale des appels vers l’Algérie».
Autre grief – non révélé – retenu contre Orange, son association avec l’opérateur de téléphonie israélien Partner Communications, avec lequel la société française est liée par un contrat commercial. Or, Partner Communications n’est pas seulement un opérateur de la téléphonie mobile en Israël, il est également l’un des financiers de la colonisation en Cisjordanie et sur le plateau occupé du Golan. Cet opérateur pas comme les autres dispose de 176 antennes et relais sur des terres confisquées par l’armée israélienne et les colons aux Palestiniens. Il assure également à travers son réseau le service aux colons et à l’armée d’occupation israélienne pour qu’elle communique mieux lors de ses opérations militaires contre les Palestiniens.
Karim Bouali
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