Sellal à Riyad, Lamamra à Doha, Al-Nahyan à Alger : Bouteflika se tourne vers le Golfe
Dans son offensive diplomatique tous azimuts, le gouvernement intègre désormais les pétromonarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG) dans ses efforts destinés à attirer les investissements directs étrangers (IDE). C’est ainsi qu’après le déplacement effectué la semaine dernière par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en Arabie Saoudite où il a rencontré de nombreux hommes d’affaires locaux, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, s’est rendu dernièrement au Qatar pour dénicher de nouvelles opportunités d’affaires.
De son côté, le président Bouteflika a accueilli, mardi à Alger, le vice-président du Conseil des ministres, ministre des Affaires de la présidence des Emirats arabes unis, Cheikh Mansour Ben Zayed Al-Nahyan. Ce ballet diplomatique n’est pas près de s’arrêter puisque nos sources soutiennent que l’agenda du gouvernement prévoit de nombreuses autres visites de responsables algériens dans les pays du Moyen-Orient. La décision du chef de l’Etat de se tourner vers le Golfe arabo-persique n’est pas difficile à comprendre. Bien qu’ils soient également touchés par la baisse des prix des hydrocarbures de manière générale, les pays membres du CCG disposent d’importantes réserves en devises qui peuvent leur permettre d’investir massivement dans n’importe quel pays au monde. Ce n’est pas le cas des pays de l’Europe occidentale, les partenaires économique traditionnels de l’Algérie.
A l’exception notable de l’Allemagne, tous les autres s’enfoncent chaque jour un peu plus dans la crise. A titre d’exemple, les seuls Emirats arabes unis possèdent le plus important fonds souverain au monde en termes d’actifs sous gestion, l’Abu Dhabi Investment Authority (ADIA). Basée à Abou Dabi, l’ADIA qui gérerait plus de 875 milliards de dollars américains d’actifs est chargée d’investir les revenus de l’Emirat d’Abou Dabi à travers le monde pour les faire fructifier. Ce fonds, entièrement détenu et gouverné par le gouvernement d’Abu Dhabi, est présidé par le cheikh Khalifa Ben Zayed Al Nahyane.
Le choix du président Bouteflika d’inviter en premier le vice-président du Conseil des ministres s’explique par le fait que la coopération algéro-émiratie se porte déjà plutôt bien. Les deux pays coopèrent dans les secteurs de la pharmacie, des transports, de la défense, des PME-PMI et de l’industrie mécanique. Pour la petite histoire, c’est grâce à un investissement émirati que le ministère algérien de la Défense produit aujourd’hui ses propres véhicules militaires sous le label Mercedes. La marge de progression de cette coopération est néanmoins encore grande.
C’est la raison pour laquelle l’Algérie attend davantage de son partenaire d’autant que celui-ci considère aussi l’Algérie comme un partenaire stratégique de par le volume des échanges commerciaux en dehors des hydrocarbures. Celui-ci a atteint 493,2 millions de dollars en 2014 contre 423,9 millions de dollars en 2013.
Dans l’absolu, l’exemple émirati est également à suivre. L’Algérie a beaucoup à apprendre de son expérience. C’est l’un des rares pays arabes à ne plus dépendre de son pétrole. Mais il n’y pas que cela. Le rapprochement voulu par le chef de l’Etat avec certaines pétromonarchies peut offrir la possibilité à l’Algérie de gagner à nouveau en influence au Moyen-Orient, une région sur laquelle elle ne semble plus avoir aucune emprise et où beaucoup de ses adversaires ont pris une sacrée longueur d’avance.
Khider Cherif
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