Dépasser le cadre étroit de la loi de finances 2017
Par Abderrahmane Mebtoul – La loi de finances 2017, en attendant le Sénat, vient d’être adoptée par l’APN. Mais une loi des finances n’est qu’un document comptable relevant de la finance publique, retraçant les dépenses et les recettes. D’où l’importance de définir les objectifs stratégiques, d’avoir un langage de la vérité face à une situation financière, certes, difficile, l’Algérie souffrant avant tout d’une crise de gouvernance.
L’Algérie étant une économie rentière où les recettes en devises avec les dérivés représentent 97%, les exportations hors hydrocarbures étant marginales. Mais n’oublions pas que le dérapage du dinar pour ne pas dire dévaluation tant par rapport au dollar gonfle la fiscalité pétrolière (vente en dollars) et par rapport à l’euro la fiscalité ordinaire, les taxes à la douane s’appliquant à un dinar dévalué. Avec un cours de 75 dinars un dollar, et 85 dinars un euro, le déficit du Trésor dépasserait 20 milliards de dollars.
Comme le Fonds de régulation des recettes est épuisé en 2017, tout accroissement des dépenses par rapport aux recettes prévues accroîtra le déficit budgétaire avec un impact inflationniste. A l’avenir, si le cours se maintient entre 45/55 dollars, la généralisation des subventions, injuste par définition, sera intenable financièrement, impliquant un ciblage pour les plus démunis et les secteurs que le gouvernement veut encourager transitoirement. Aussi faut-il interpréter cette loi des finances avec toutes les précautions pour éviter des surprises.
Il ne faut plus se faire d’illusions, un cours de pétrole entre 80/100 dollars est improbable, rendant urgent, pour l’Algérie, si elle veut éviter sa marginalisation, l’émergence d’une économie diversifiée dans le cadre de la mondialisation. Mais sans réformes structurelles profondes, supposant un minimum de consensus politique et social et une visibilité et cohérence dans la démarche des réformes, il ne faut pas s’attendre à des miracles. Plus on diffère les réformes, plus on épuisera les réserves de changes et la crise de gouvernance actuelle risque de se transformer en crise financière, économique et politique avec le risque d’une déstabilisation régionale avec le retour au FMI 2019-2020, ce qu’aucun patriote algérien ne souhaite.
A. M.
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