La France renforce son emprise sécuritaire en Afrique de l’Ouest
Après la mise en place, en 2014, du G5S, cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale en matière de politiques de développement et de sécurité qui regroupe cinq pays du Sahel, la France cherche visiblement à renforcer son maillage sécuritaire dans toute l’Afrique de l’Ouest, une région où elle est déjà très présente. C’est ce qu’il faudrait comprendre à travers l’initiative que vient de prendre le ministre français de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, de réunir à Paris onze de ses homologue ouest-africains. Le but ? «Echanger, dit-il, sur les bonnes pratiques et mettre en place un plan de coopération sécuritaire.»
La France, qui supervise déjà des formations de forces de sécurité dans la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest, aspire notamment «à mettre en place un programme d’action et de mobilisation antiterroriste, de la planification d’interventions à la communication couvrant tous les aspects de la lutte antiterroriste, qu’il s’agisse de la prévention, de l’intervention, des enquêtes, avec des échanges de personnels et des exercices pratiques».
Pour accélérer cette coopération, à laquelle il a appelé de tous ses vœux, Bernard Cazeneuve a soutenu que les pays présents à Paris peuvent dans un premier temps s’appuyer sur les «outils déjà en place». Le ministre français de l’Intérieur a fait notamment allusion à l’Observatoire régional d’alerte et d’analyse stratégique établi à Abidjan, en Côte d’Ivoire.
Le premier policier de France a souligné que l’idée serait de commencer par «homogénéiser les documents d’identité au niveau régional et continental pour mieux lutter contre l’industrie du faux document en généralisant les capacités d’identification biométrique». La carte d’identité biométrique de la Cédéao a été évoquée comme un moyen de renforcer les contrôles aux frontières parmi d’autres initiatives qui seront discutées lors du sommet Afrique-France de Bamako prévu en janvier prochain.
A rappeler que le G5S, qui regroupe la Mauritanie, le Niger, le Tchad, le Burkina Faso et le Mali, est perçu comme le «pendant politique et économique sahélien de l’opération militaire française ‘‘Barkhane’’». Selon ses promoteurs, «il contribue à améliorer la coordination des activités de sécurité et de défense des Etats du G5 Sahel au niveau régional». Ainsi, selon le ministère français de la Défense, «l’opération ‘‘Barkhane’’ regroupe 3 000 militaires dont la mission, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, consiste à lutter contre les groupes armés terroristes dans la bande sahélo-saharienne».
Du 20 au 27 décembre 2014, une première opération militaire conjointe est réalisée entre les forces de l’opération «Barkhane», du Niger et du Tchad sur une zone se situant à la frontière entre la Libye, d’une part, le Niger et le Tchad, d’autre part. Cette opération, dénommée «Mangouste», a été commandée depuis un poste de commandement tripartite situé au fort de Madama. De nombreux observateurs décrivent le G5S comme une «initiative concurrente» à celle qui a donné naissance en avril 2010 au Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cemoc) dont le siège se trouve à Tamanrasset.
Khider Cherif
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