Vers une situation de cessation de paiement ?
Par Sonia-Linda S. – L’institut d’analyse du secteur énergétique mondial Oil Price tire la sonnette d’alarme sur l’état des finances en l’Algérie, en annonçant que le déficit commercial de l’Algérie a franchi la barre des 15,8 milliards de dollars en octobre 2016 contre 13,7 milliards en octobre 2015, en raison, notamment, de la persistance de la chute des prix du pétrole. Cette situation pèse, en effet, lourdement sur les recettes d’exportations du pays.
Selon ce même organe d’analyse, considéré comme l’un des plus fiables au niveau international, cette déprime qui s’est installée sur les marchés pétroliers, une activité qui représente 95% des exportations algériennes, a sérieusement ébranlé l’économie algérienne au cours des deux dernières années. D’autre part, les importations ont également diminué à la suite des mesures d’austérité du gouvernement et des quotas d’importation adoptés pour contrer la perte des recettes d’exportations générées auparavant par le secteur des hydrocarbures.
Les instances dirigeantes en Algérie, qui ont pendant des décennies conçu toutes les politiques de développement sur la rente pétrolière, se trouvent contraintes aujourd’hui à opter pour le choix de l’élaboration d’un budget pour l’année prochaine prévoyant des impôts plus élevés, des augmentations dans les prix de l’essence et un gel des salaires, touchant en particulier le secteur public. Mais ces mesures impopulaires risquent d’être confrontées à une forte opposition de la rue algérienne, du mouvement associatif et de la classe politique.
Il est donc clairement établi, poursuit Oil Price, que cette baisse substantielle des recettes pétrolières et l’exacerbation des difficultés économiques placent l’Algérie en position désespérée à vouloir repenser sa stratégie, en se dirigeant vers le cartel des pays producteurs et exportateurs du pétrole pour tenter d’arracher un accord sur une réduction de la production ; cette stratégie a été mise en branle lors du Sommet de l’Opep d’Alger. L’Algérie, aux côtés du Venezuela et du Qatar, tente d’amener les trois plus grands pays producteurs, en l’occurrence l’Arabie Saoudite, l’Irak et l’Iran, à réduire la production pour permettre une normalisation des prix sur les marchés pétroliers internationaux, car cette situation est en passe de mettre à rude épreuve la stabilité des pays membres et non membres du cartel.
L’agence de presse britannique Reuters vient justement de confirmer cet élan de l’Algérie à vouloir secouer le cartel, en rapportant, citant des sources de l’Opep, que l’Algérie a communiqué, mardi, au Comité technique de haut niveau de l’Opep que tous les membres de l’Opep, à l’exception du Nigeria et de la Libye, ont appliqué les directives, en procédant à une baisse entre 4 et 4,5% de leur production d’octobre, des éléments basés sur les estimations de l’Opep.
L’Algérie, qui subit donc de plein fouet ces fluctuations des marchés pétroliers, n’a plus aucune autre solution de rechange pour combler son trou budgétaire, sauf le recours à l’endettement en attendant des jours meilleurs.
S.-L. S.
(Londres)
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