Drones américains à nos frontières : les Tunisiens veulent rassurer l’Algérie
Dans la classe politique tunisienne et dans les milieux engagés dans la lutte antiterroriste dans ce pays, l’impact sur l’Algérie de la récente déclaration du président Béji Caïd Essebsi, qui a reconnu que des drones américains ont été autorisés à survoler le territoire tunisien, a été pris très au sérieux. Tout est fait pour rassurer le voisin algérien et mettre en avant l’importance de la coopération prioritaire entre les deux pays, Algérie et Tunisie, dans la lutte antiterroriste. Dans une déclaration à Echorouk, le général Rachid Ammar, ancien commandant en chef des armées en Tunisie, a exprimé son refus de l’ouverture de l’espace aérien de son pays à des appareils étrangers. Il a tenu à nuancer les propos du président Essebsi, en précisant que ce dernier a parlé de la présence d’Américains pour former l’armée tunisienne et non pas d’aéronefs étrangers en Tunisie.
Selon la même source, le général Rachid Ammar a affirmé que la Tunisie n’a aucun intérêt à ouvrir l’espace aérien aux aéronefs étrangers. «Nous ne l’avons pas fait avant ni aujourd’hui, et nous ne le ferons pas ni dans l’avenir», a-t-il souligné. Il a rappelé qu’en tant que commandant en chef des armées en Tunisie, il avait encouragé le renforcement de la coopération militaire avec l’Algérie, affirmant que cette coopération est une priorité absolue pour les deux pays. Il a également rappelé qu’il ne cessait de répéter que la sécurité de la Tunisie et la sécurité de l’Algérie sont une, l’une découlant de l’autre. Il estime que cette coopération s’est poursuivie, d’après lui, dans la même voie.
En Tunisie, la déclaration du président Béji Caïd Essebsi à propos des drones américains qui ont été autorisés à survoler le territoire tunisien pour surveiller le territoire libyen a soulevé un véritable tollé de protestation dans la classe politique, qui a semblé être la première surprise. Le quotidien arabophone rapporte que des formations politiques ont interpellé le ministre de la Défense et celui des affaires étrangères pour s’expliquer et dissiper leurs craintes quant à une détérioration des relations avec l’Algérie.
Un député tunisien directement concerné par la question, puisqu’il est membre de la commission de la défense au sein du Parlement, a fait part de son étonnement, sachant que la présence de militaires étrangers sur le sol tunisien doit s’inscrire dans le cadre d’accords militaires ratifiés par l’Assemblée du peuple. Il estime que les activités des militaires américains en Tunisie sont illégales dans la mesure où le gouvernement n’a pas soumis à l’Assemblée l’accord conclu l’an dernier avec l’Administration américaine. Il considère que la priorité dans la lutte antiterroriste est la coopération militaire avec l’Algérie ; il va même jusqu’à placer l’axe Alger-Tunis au centre de toute coordination avec d’autres forces internationales.
Houari Achouri
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