Quand le Maroc s’allie à l’extrême-droite ennemie de l’islam pour nuire à l’Algérie
La commission des affaires étrangères du Parlement européen a rejeté deux amendements hostiles à l’Algérie, introduits au «rapport annuel sur les droits de l’Homme et la démocratie dans le monde en 2015, et sur la politique de l’Union européenne en la matière» par un eurodéputé français d’extrême-droite connu pour sa proximité avec les cercles de décision marocains et surtout pour être un grand défenseur de la prétendue souveraineté du royaume chérifien sur le Sahara Occidental. Les amendements présentés par l’eurodéputé Aymeric Chauprade recyclent et refourguent les vieilles thèses marocaines sur la «persécution des minorités» en Algérie et sur la «violation des droits de l’Homme» dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf. Selon l’ambassadeur d’Algérie à Bruxelles, Amar Belani, pour tenter de nuire à l’Algérie, le royaume chérifien n’a pas hésité à passer un pacte avec le diable, en faisant appel aux services de cet eurodéputé de l’extrême-droite française, partisan du «choc des civilisations» et connu pour sa xénophobie et son islamophobie nauséabondes.
La fin justifie les moyens pour le régime marocain qui ne semble guère gêné par les positions extrémistes et les propos outranciers tenus par ce député européen sur l’islam et les immigrés. Quelques jours après ses déclarations incendiaires sur l’islam et les immigrés, cet eurodéputé a même fait partie de la délégation des pétitionnaires que le Maroc a engagés lors des travaux de la 4e Commission mixte des Nations unies sur les questions politiques spéciales et la décolonisation.
L’autre affidé et représentant en chef du Maroc au Parlement européen, le socialiste Gilles Pargneaux, ne cesse de collectionner les revers cuisants, comme en témoigne le rejet de l’amendement qu’il a tenté désespérément d’introduire dans un rapport de la commission des affaires étrangères du Parlement européen sur la mise en œuvre de la politique de sécurité et de défense commune pour, une fois encore, semer la confusion sur l’attrait présumé des populations de Tindouf pour «l’alternative du terrorisme islamiste». Une idée abracadabrantesque soufflée par la chancellerie marocaine et qui a été rejetée d’un revers de main par les pairs de l’eurodéputé français.
Il faut dire que ce dernier est «coincé» dans une série d’affaires et d’intérêts croisés avec le royaume, à commencer par les accointances révélées par le quotidien La Voix du Nord avec le ressortissant marocain Mohamed Bichari, président de l’institut Avicenne, avec lequel Pargneaux passe des vacances au Maroc et avoue connaître depuis longtemps, «car nous avons un combat commun», dit-il. Le média marocain Le Desk vient de révéler que Gilles Pargneaux a pris la tête de la British International School de Casablanca, sans doute en contrepartie des innombrables services rendus à un Makhzen reconnaissant.
Autre accointance, dont les fils sont tirés par le Makhzen, cette mise en affaire de Gilles Pargneaux avec le fondateur du forum de Crans Montana et ordonnateur en chef de réunions illégales dans la ville occupée de Dakhla qui vient de bombarder l’eurodéputé français au poste de président du conseil stratégique du Cercle des ambassadeurs à Paris. Une autre officine de lobbying en faveur du Maroc et de thèses éculées du régime marocain sur la question du Sahara Occidental.
Ainsi, il est clair que le Makhzen donne des signes de panique au moment où les dirigeants sahraouis continuent à enregistrer des avancées notables à l’échelle internationale, faisant échec à la thèse marocaine d’une autonomie interne aux Sahraouis. Le Maroc a, d’ailleurs, essuyé un revers cinglant en octobre dernier au Parlement européen. Ce dernier l’a, en effet, désavoué après l’affichage d’une carte géographique du royaume incluant les territoires occupés du Sahara Occidental à l’occasion de l’exposition organisée dans l’enceinte de cette institution sous le thème «Maroc : terre des énergies renouvelables».
«L’usage de cet espace d’exposition a été alloué sans frais par le Parlement européen à l’un de ses députés, en accord avec les règles en usage. Le Parlement européen n’assume aucune responsabilité quant au contenu et informations figurant dans cette exposition ou manifestation culturelle», avait réagi le service exposition du Parlement européen après que des voix se soient élevées pour dénoncer les prétentions marocaines sur le Sahara Occidental.
Les succès engrangés ces derniers mois par la cause sahraouie ont donné des sueurs froides aux dirigeants marocains qui s’emploient à contrecarrer toute évolution du dossier sahraoui conformément aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, recommandant le respect du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
L’échec du Maroc à suspendre la République arabe sahraouie et démocratique de l’Union africaine pour adhérer à cette organisation, a exacerbé la colère des dirigeants marocains qui s’en prennent à l’Algérie. Mais l’acharnement marocain à vouloir nuire à l’Algérie ne pourra empêcher la communauté internationale d’accorder au peuple sahraoui ce que le droit international stipule : permettre à la population du Sahara Occidental, inscrit sur la liste des territoires non-autonomes de l’ONU depuis 1963, d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination.
Karim B.
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