Nucléaire iranien, Syrie, terrorisme, Russie : les conseils de la CIA à Donald Trump
Le directeur de la CIA a averti le président élu des Etats-Unis, Donald Trump, que l’annulation de l’accord sur le nucléaire iranien serait «désastreuse» et à la limite «de la folie». John Brennan, qui quittera son poste en janvier, après avoir dirigé la CIA pendant quatre ans, a déclaré dans un entretien accordé à la BBC et publié ce matin qu’«une telle mesure risquerait de renforcer les radicaux en Iran et ceux d’autres Etats poursuivant des programmes nucléaires». «Je pense que ce serait de la folie si la prochaine administration venait à remettre en cause cet accord. Cela serait un précédent grave», a-t-il insisté. Lors de sa campagne, M. Trump avait menacé de mettre à la trappe l’accord avec l’Iran. Lors de sa première rencontre avec un média britannique, John Brennan a conseillé, par ailleurs, au nouveau président américain de «se méfier des promesses de la Russie, un pays qui porte une grande responsabilité dans les souffrances endurées par les Syriens». Faisant une sombre évaluation de la situation en Syrie, il a argué que le régime syrien et les Russes étaient responsables du massacre de civils qu’il a qualifié de «scandaleux».
Les Etats-Unis et la Syrie
Toujours concernant la Syrie, l’administration du président Barack Obama, a-t-il dit, a suivi une politique de soutien aux rebelles modérés luttant contre le régime de Bachar Al-Assad. Le directeur de la CIA pense que les Etats-Unis se doivent de continuer à soutenir les rebelles pour résister à ce qu’il a appelé un «assaut» mené par la Syrie, l’Iran, le Hezbollah et la Russie. A la question de savoir comment évoluera la situation, le patron de la CIA a soutenu que la Russie continue à détenir la clef de l’avenir de la Syrie. Seulement, il s’est dit sceptique quant à l’idée de voir Moscou accepter un deal concernant un règlement de la crise. Pour lui, les Russes n’ont pas été sincères dans les négociations sur la Syrie et ne cherchent qu’à faire traîner les discussions pour pouvoir s’emparer d’Alep. «Je n’ai pas confiance dans les Russes. Ils ne relâcheront leur étreinte que lorsqu’ils auront renversé en leur faveur le rapport de force sur le terrain», a-t-il dit. Par ailleurs, John Brennan reproche aux Russes d’avoir cherché à s’ingérer dans l’élection présidentielle américaine en piratant des systèmes électoraux. L’administration entrante de Donald Trump a suggéré qu’il pourrait essayer de travailler plus étroitement avec la Russie sur un certain nombre de questions.
Menaces terroristes
Pour John Brennan, le terrorisme demeure une préoccupation majeure. Il a révélé à la BBC que «l’équipe chargée de planifier les attaques extérieures au sein de Daech est restée très active et cherche à démontrer que, malgré les échecs essuyés sur le champ de bataille, elle avait encore la capacité de mener des attaques contre l’Occident ». La CIA, a-t-il dit, continue de rassembler des renseignements et d’agir en tant que bras secret du président des Etats-Unis pour écarter toutes ces menaces. Dans la foulée, John Brennan a indiqué que l’un des défis auquel il a été confronté pendant son mandat était de faire face aux retombées des révélations sur l’utilisation par la CIA de la torture (waterboarding) de détenus après les attentats du 11 septembre. Le président élu Trump a dit qu’il envisagerait de reprendre le waterboarding s’il pensait qu’il serait efficace. Là encore, John Brennan a clairement dit qu’il pensait que ce serait une erreur.
En réponse à la déclaration du général Michael Flynn (futur conseiller à la sécurité de Donald Trump) ayant soutenu récemment que les Etats-Unis doivent reconnaître s’être engagés dans une «guerre mondiale» contre les islamistes, le patron de la CIA a dit que la nouvelle équipe se doit d’être «disciplinée dans le discours qu’elle utilise et les messages qu’elle envoie». Pour lui, ce genre de déclarations peut être exploité par les organisations terroristes et extrémistes pour présenter les Etats-Unis et le gouvernement comme étant anti-islamiques. «Ce que nous ne sommes pas», a-t-il tenu à préciser.
Khider Cherif
Comment (18)