Un magazine britannique prédit l’apocalypse en Algérie après le départ de Bouteflika
L’Algérie post-Bouteflika basculerait dans l’islamisme et menacerait ainsi l’Union européenne (UE). Le scénario catastrophe nous vient d’un journal britannique, The Spectator, qui analyse et fabule. Près de trois décennies après les manipulations anglaises sur le programme nucléaire algérien, les langues britanniques malintentionnées reprennent du service. Humour noir, intox et catastrophisme signé par un média qui confond l’Algérie victorieuse contre le terrorisme avec les poches obscurantistes du Londonistan. «Comment l’Algérie pourrait détruire l’Union européenne», c’est le titre de l’article proposé aux lecteurs par The Spectator, un magazine «référence des intellectuels et des dirigeants conservateurs», selon ce qu’on peut lire sur internet dans les colonnes du Courrier International, par exemple. Les mots choisis sont graves, associant l’Algérie à l’idée de destruction. Offense à un peuple et tissu de contre-vérités.
Dans sa vilaine anticipation de l’après-Bouteflika, l’élégance britannique crache sur sa tradition en supposant non pas une alternance par les urnes, mais la fin physique du président Abdelaziz Bouteflika. «Quand le président Bouteflika sera mort, les islamistes se saisiront du pouvoir», écrit le médium de la presse britannique. Citant une source, «un observateur» qui lui aurait confié que «l’esprit du président Bouteflika serait plus infirme que son corps», l’article évoque, par la même occasion, «un mauvais pronostic» suite à la dernière visite médicale du président algérien en France.
S’ensuit une série de commentaires mettant en doute l’amélioration de la santé de Bouteflika. «Parmi les personnes qui connaissent bien l’Algérie, il ne fait aucun doute qu’il est gravement diminué et qu’il ne lui reste pas beaucoup de temps à vivre. Cela signifie que son régime est aussi en sursis. Les conséquences de cette situation dépassent les frontières algériennes.»
Puis, la prophétie du Spectator concernant la succession emprunte au classique scénario alarmiste que les ennemis de l’Algérie développent pour saper le moral des partenaires et assombrir le tableau : les islamistes au pouvoir, «les tensions qui ont été enterrées depuis la guerre civile qui vont ressurgir». Et de prédire «une vague de réfugiés sans précédent» qui envahirait l’Europe «en provenance de l’Afrique du Nord».
Sans trop de scrupule par rapport au défaut de cohérence de ses affirmations, le média britannique continue sur la voie du charlatanisme par une prémonition macabre, «plus sanglante» que la décennie noire, se basant sur l’expansion du terrorisme armé dans le monde. L’auteur de l’analyse avouant quelques lignes plus haut qu’«aucun service de renseignements occidental n’est en mesure de prévoir ce qui peut se passer en Algérie» et reconnaissant, paradoxalement, que les «islamistes ont eu des résultats médiocres lors des dernières consultations électorales» et «qu’ils n’ont pas réussi à bloquer une loi criminalisant la violence contre les femmes».
Les lecteurs auront donc du mal à comprendre pourquoi, selon The Spectator, «les gouvernements occidentaux se préparent à une nouvelle guerre civile et à ses conséquences». Une telle dichotomie entre le constat factuel et l’hypothèse ne peut trouver son explication que dans la mauvaise foi et l’intention de fabriquer une analyse sur mesure. Les pressions islamistes et la légitime querelle des idées sur les orientations de la société, d’un point de vue démocratique d’habitude si chère aux Britanniques, veulent illustrer le propos pessimiste du magazine britannique.
Feint-il d’ignorer que le gouvernement de son pays rencontre exactement les mêmes difficultés face à une société anglaise métissée où le droit à la différence idéologique et religieuse est théoriquement consacré ? Allant jusqu’à donner des statistiques sur le port du voile chez la femme algérienne, The Spectator semble en décalage à la fois avec la réalité et avec la perception britannique plus éclairée que celle de la plupart des pays occidentaux à propos du foulard islamique. Achevant de trahir ses préjugés islamophobes en désapprouvant indirectement la construction de la Grande Mosquée d’Alger.
Ainsi, le magazine The Spectator, référence des intellectuels héritiers de Shakespeare et de Charles Dickens, s’autorise l’inacceptable amalgame entre l’islam et l’islamisme radical. Encore une fois, sans vergogne, dans le feu de la montée de l’islamophobie européenne, les propagandistes de la droite populiste occidentale attisent les braises de l’intolérance pour enflammer les esprits. Les derniers paragraphes de l’article insistent exagérément sur la probabilité d’un basculement islamiste de l’Algérie, suivi d’un flux migratoire extraordinaire «de 10 à 15 millions d’Algériens vers la France». La fiction se termine obstinément sur le basculement de la France vers l’extrême-droite et sa sortie inévitable de l’Union européenne.
La Grande-Bretagne, qui assume mal son Brexit, source de tensions internes, voudrait-elle torpiller l’UE en misant sur un drame franco-algérien ? C’est sous-estimer la jalouse souveraineté algérienne qui a su expulser le colonialisme français et vaincre le terrorisme dans l’isolement le plus total. Le départ de Margaret Thatcher n’a pas livré la vieille Angleterre aux séparatistes violents de l’IRA, pourquoi celui d’Abdelaziz Bouteflika donnerait-il les clefs de la glorieuse Algérie aux mercenaires islamistes ?
Les scénarii catastrophes de ce type n’apportent qu’une seule information sérieuse : l’Algérie comptera dans le modelage de la rive nord de la Méditerranée. Et les Algériens ne peuvent que s’en réjouir.
Akli Tira
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