Le chef turc de Mokri et Aribi rouvre l’ambassade d’Israël à Ankara et tue les victimes de Marmara une seconde fois
Au moment même où des centaines de députés de différents pays musulmans, dont des Algériens, étaient invités à Istanbul pour assister officiellement à une assemblée de la Ligue des parlementaires pour El-Qods – mais qui était, en réalité, destinée à renouveler leur allégeance au régime islamiste de Recep Tayyip Erdogan –, le gouvernement turc mettait au point les dernières dispositions pour parachever le processus de normalisation des relations avec l’entité sioniste, mettant ainsi fin à six années de rupture diplomatique.
Tout s’est fait en deux jours. Jeudi dernier, le nouvel ambassadeur israélien, Eitan Naeh, est arrivé à Ankara où il a de suite remercié la Turquie pour l’aide apportée la semaine dernière dans l’extinction des incendies survenus dans son pays. «Nous avons une histoire commune marquée par la solidarité mutuelle exprimée en cas de besoin», a déclaré le diplomate, qui s’est dit «impatient» de prendre officiellement ses fonctions, tout en remerciant les autorités turques pour le «chaleureux accueil» qui lui a été réservé. De son côté, le gouvernement turc a déjà désigné son nouvel ambassadeur à Tel-Aviv. Il s’agit d’un ancien conseiller principal du Premier ministre, Binali Yildirim. Il devrait présenter ses lettres de créances au président israélien le 12 décembre prochain.
Pour effacer toute trace de l’origine de cette crise diplomatique entre les deux pays, survenue en mai 2010, et donner ainsi un gage de bonne foi, Ankara s’est empressé de classer définitivement l’affaire de la flottille pour Gaza, baptisée «Marmara», où neuf militants pacifistes turcs avaient été tués lors de l’abordage du bateau par l’armée israélienne en haute mer. Cette flottille transportait des militants pro-palestiniens décidés à briser le blocus sur la bande de Gaza.
La décision a été annoncée ce vendredi par le parquet général à Istanbul. Dans cette affaire, plusieurs responsables militaires israéliens, dont le chef de l’état-major de l’armée, étaient poursuivis pour agression armée dans les eaux internationales, et la procédure suivait normalement son cours, avant l’annonce de cette décision à laquelle les juges en charge de l’affaire devraient se soumettre docilement. Il faut dire aussi que le régime avait fini d’«assainir» tout l’appareil judiciaire dans le sillage des purges qui ont suivi la tentative de coup d’Etat de juillet dernier.
Le procureur général a justifié sa demande par la signature, fin juin dernier, d’un accord portant rétablissement des relations entre Ankara et Tel-Aviv. Cet accord stipule que l’Etat d’Israël acceptait de dédommager les victimes turques à hauteur de 20 millions de dollars et d’alléger le blocus sur Gaza. Une promesse qui restera, bien évidemment, lettre morte.
R. Mahmoudi
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