Une proposition farfelue de Meslem suscite des commentaires au-delà des frontières
La proposition invraisemblable de la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Mounia Meslem, pour aider l’Etat à dépasser la crise financière dans laquelle se débat le pays, ne suscite pas uniquement l’étonnement, voire l’indignation en Algérie. Son écho raisonne au-delà des frontières, au point de susciter des commentaires de médias internationaux. C’est ainsi que le très célèbre quotidien français Le Monde lui a consacré tout un article non sans ironie. «Comment aider l’Algérie à faire face à la chute des prix du pétrole qui plombe dangereusement ses comptes publics ? Mounia Meslem, la ministre algérienne de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, a eu une idée : les femmes mariées cadres de la Fonction publique devraient céder leurs salaires à l’Etat… puisqu’elles ont un mari pour les entretenir», écrit Le Monde, qui exprime de l’étonnement.
En poste depuis 2013, la ministre l’a expliqué très sérieusement, mercredi dernier, devant les caméras de la chaîne de télévision privée El-Bilad. Alors que le journaliste interrogeait des responsables politiques pour savoir s’ils étaient prêts à céder une partie de leurs émoluments dans le contexte actuel d’austérité, celle-ci a répondu : «J’ai dit que s’il fallait que l’on donne tout notre salaire mensuel, et j’ai parlé spécialement des femmes cadres de l’Etat qui sont mariées, ce serait avec plaisir. Il est clair que ce n’est pas ce salaire qui nous fait vivre. Il y a nos maris qui s’occupent de nous», souligne ce quotidien français, qui fait état des vives critiques des propos de cette ministre sur les réseaux sociaux. Le Monde rappelle ainsi le statut qui n’est pas égal à celui de l’homme depuis l’adoption du code de la famille en 1984, inspiré de la charia islamique.
«Depuis, les associations de défense des droits des femmes n’ont cessé de se battre pour son abrogation, arrachant une première réforme en 2005. Outre l’instauration de quotas dans les assemblées élues, une loi votée en 2015 criminalise les violences contre les femmes», souligne Le Monde, qui fait parler la militante Soumia Salhi, ancienne présidente de l’Association algérienne pour l’émancipation des femmes (AEF), selon laquelle, «après l’indépendance de l’Algérie, il y a eu une généralisation de l’éducation pour toutes les filles. Aujourd’hui, on compte 65% de femmes parmi les diplômés, 42% des magistrats sont des femmes ! (…) Il y a eu une émergence spectaculaire des femmes, notamment dans la sphère professionnelle, qui n’a pu être entravée, même pendant la décennie noire». Les propos tellement farfelus de la ministre ont attiré l’attention des médias étrangers, qui n’hésitent pas à les lier à la nature patriarcale de la société algérienne.
Sonia Baker
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