Forum africain d’affaires à Alger : 80 milliards de dollars cherchent investisseurs
L’ouverture du rendez-vous d’Alger, la grande manifestation africaine, a eu lieu ce samedi à Alger. Le Centre international des conférences (CIC) abrite le 1er Forum africain d’investissements et d’affaires qui réunit plus de 2 000 entreprises. Du côté des chefs d’entreprise algériens, l’optimisme bat son plein, selon des déclarations recueillies auprès d’eux par Algeriepatriotique. Tous espèrent plus que des résultats positifs émanant de cette grande manifestation économique. Pour Brahim Benabdeslem, vice-président du FCE, cette rencontre panafricaine ne signifie pas que l’Algérie veut investir le marché africain. «Comme son nom l’indique, c’est un forum d’investissements et d’affaires. Deux éléments qui constituent le courant d’échanges entre les pays», a-t-il précisé, en expliquant que par «affaires», il faut comprendre «tout ce qui permet de placer des produits algériens sur le continent».
Ce docteur en économie a évoqué un certain nombre de secteurs d’activité qui ont gagné en maturité et dans lesquels l’Algérie «est capable de placer ses produits», citant comme exemples l’industrie pharmaceutique, l’agroalimentaire et les matériaux de construction. «L’Algérie, a-t-il affirmé, a développé un tissu industriel à même d’aller vers le continent africain avec un rapport qualité/prix très compétitif». S’agissant de l’investissement, Benabdeslem a estimé que l’Algérie «doit jouer un rôle majeur» dans ce domaine. Citant le potentiel de l’Algérie en matière d’électrification qui atteint 90% dans notre pays, le vice-président du FCE a suggéré que l’Algérie pourrait facilement exploiter ce potentiel et accompagner des pays africains dans ce secteur.
Notre interlocuteur relève que les Africains ont compris que la démarche de l’Algérie est «novatrice». Une démarche qui tend vers le codéveloppement. «Les Africains ont compris le message», a-t-il soutenu, précisant que ce Forum allait mettre, à travers les ateliers et les plénières, les 900 chefs d’entreprise africains en face de leurs homologues algériens. «Au FCE comme au sein du gouvernement, nous accompagnons cet élan», a-t-il indiqué. A notre question de savoir comment les chefs d’entreprise algériens espéraient mettre en place un partenariat gagnant-gagnant avec une Afrique qualifiée de «continent pauvre», Benabdeslem s’est référé aux propos du sous-secrétaire général des Nations unies et secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Carlos Lopez, qui a révélé qu’en Afrique 80 milliards de dollars de capitaux ne trouvent pas d’investisseurs.
«D’un côté, vous avez des pays pauvres et, de l’autre, des ressources qui ne sont pas utilisées. Le continent africain réalise des taux de croissance avoisinant 8 à 10%. Or, où va l’argent ? Il va là où il y a de la croissance et, aujourd’hui, le seul continent qui fait de la croissance, c’est bien l’Afrique», a relevé le Dr Benabdeslem. Pour lui, «le problème ne se pose pas en termes de financement, mais de recherche de projets à même de développer le continent».
«L’Algérie a un rôle à jouer dans l’intégration continentale»
Abondant dans le même sens, Karim Cherfaoui, responsable de la commission des technologies de l’information et de la communication (TIC) au Forum des chefs d’entreprise (FCE) et directeur général de Divona-Algérie, opérateur de télécommunications par satellite, a déclaré que les objectifs assignés à ce Forum sont, entre autres, de promouvoir l’Algérie et son potentiel, se tourner en tant qu’investisseur ou partenaire économique vers l’Afrique et, aussi, aider les pays africains à «s’exporter». «En fait, ajoutera-t-il, le seul objectif de ce Forum est de travailler à l’expansion africaine par n’importe quel moyen.» Comment ? «Par l’augmentation des échanges intra-continents et le développement, tout simplement, du continent africain pour créer un pôle intégré», a expliqué Karim Cherfaoui.
Précisant que cette démarche n’est nullement politique, le directeur général de Divona-Algérie a expliqué que l’approche voulue par ce Forum est l’intégration de l’Afrique par l’économie et les opérateurs économiques pour «une expansion du marché africain» et «une ouverture sur le marché mondial». Cherfaoui a mis en avant les avantages compétitifs «incroyables» que l’Algérie recèle, du partenariat «gagnant-gagnant» qui serait intéressant pour les pays africains et subsahariens et également pour l’Algérie. Ce partenariat serait également intéressant pour l’exportation des produits africains vers le reste du monde. «En clair, l’Algérie a un rôle à jouer dans l’intégration continentale. Un rôle économique très important et favorable à cette expansion africaine», a assuré Karim Cherfaoui.
Pour ce faire, il est important, a ajouté le responsable de la commission des TIC au FCE, de faire prendre conscience à tous les acteurs économiques participant au Forum d’Alger du potentiel africain et de ce qu’il faut attendre de celui-ci. «Il y a dans cette économie mondiale globalisée, essentiellement, trois pôles : l’Amérique, l’Europe et l’Asie. Il y a un grand pôle qui manque, c’est celui de l’Afrique. L’émergence et l’intégration de ce dernier sont étroitement liées à l’accélération des échanges commerciaux, à la création de spécialités, d’infrastructures, d’entreprises compétitives et efficientes et des moyens numériques. Et si des stratégies et des partenariats émergent de cette rencontre, en définitive, c’est ce quatrième pôle qui sera en train de naître», a-t-il conclu, optimiste.
Houneïda Acil
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