Selon The Times : l’Union européenne veut «corrompre» Bachar Al-Assad
Le quotidien britannique The Times vient de révéler que l’Union européenne aurait proposé un deal au gouvernement syrien en contrepartie d’un important soutien financier. Citant de hauts fonctionnaires européens, la même source indique que la démarche de Bruxelles est motivée par deux considérations. L’UE veut, primo, garder à tout prix la Syrie sous influence occidentale à l’issue de la guerre et, secundo, éviter que l’Europe ne fasse davantage les frais de la crise.
Les hauts fonctionnaires européens qui se sont confiés au journal estiment, à ce propos, qu’«avec le cours pris par la bataille d’Alep, la demande formulée par les pays occidentaux se rapportant au départ de Bachar Al-Assad du pouvoir en Syrie n’est pas du tout réaliste». Aussi ne voient-ils d’autre solution que de négocier avec le chef de l’Etat syrien un accord «gagnant-gagnant». Pour s’assurer du succès de sa démarche, le Times mentionne que Bruxelles a convenu de laisser les Etats-Unis à l’écart de la négociation.
Afin de ne pas susciter l’ire de l’opposition syrienne, ou de ce qui en reste, le journal britannique nous apprend que la responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, Federica Mogherini, a rencontré récemment ses principaux chefs afin de les convaincre de ne plus conditionner le règlement de la crise par le départ d’Al-Assad. Federica Mogherini leur a également promis d’être très généreuse avec eux. Y voyant un lien, The Times précise que la formulation de ces propositions coïncide avec l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU de résolutions appelant à la mise en œuvre du processus de la «transition politique» en Syrie.
Une source de l’opposition syrienne a précisé au Times que Federica Mogherini leur a fait savoir que «l’UE a un plan pour régler la crise syrienne», ajoutant que, pour le moment, tout le monde y adhère et qu’il y a un gros paquet d’argent sur la table. Cependant, ajoute la source de l’opposition citée par The Times, les contours de ce plan prévoyant une période de transition non définie restent flous.
The Times mentionne seulement que le plan européen de sortie de crise évoque une redistribution du pouvoir dans les provinces syriennes et une fusion des éléments des groupes armés «modérés» dans des unités des forces locales de sécurité. En contrepartie d’un meilleur contrôle et d’un fonctionnement plus démocratique, Bruxelles ne voit, par ailleurs, pas d’inconvénients à ce que les institutions gouvernementales de l’Etat central restent en place. S’agissant du sort du président syrien Bachar Al-Assad, il n’est évoqué nulle part.
Le journal explique seulement que les motivations sur lesquelles repose le plan de l’Union européenne font consensus à Bruxelles. Les dirigeants européens, souligne-t-il, ont changé radicalement leurs positions sur la Syrie en raison de leurs craintes de voir la crise des réfugiés s’aggraver au fil du temps. Dans les conditions actuellement, estiment-ils, la reconstruction de la Syrie est une priorité, même si beaucoup d’entre eux se disent gênés de voir Bachar Al-Assad rester au pouvoir.
Khider C.
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