Nouvelle prédiction alarmiste sur l’Algérie : que se trame-t-il contre notre pays ?
Après les prévisions catastrophiques et farfelues d’un magazine anglais spéculant sur un renversement islamiste de la gouvernance post-Bouteflika, c’est le think tank International Crisis Group (ICG) qui publie une synthèse orientée des troubles qui ont secoué des localités du Sud algérien. Bâtissant à son tour une hypothèse alarmiste annonciatrice de «turbulences à l’horizon», la récapitulation très approximative des évènements a voulu transformer des mouvements sociaux naturels et traités dans le cadre républicain en une insurrection annonçant la fin du monde. Article de trop d’une partition contre l’Algérie, l’analyse insolite mérite quand même quelques réponses.
Les conclusions du think tank ICG pèchent tout de suite par une contradiction qui saute aux yeux. Le Sud algérien serait devenu l’épicentre de la contestation à cause d’«un délaissement de ces régions par le pouvoir central et de la baisse des recettes pétrolières qui ne permettent plus d’acheter la paix sociale». Bizarrerie du rapport de causalité. Si le pouvoir a acheté la paix sociale, c’est qu’il n’a donc pas délaissé cette partie du pays. De plus, le think tank reconnaît que les troubles ont précédé l’effondrement du prix du baril puisqu’il mentionne l’année 2013.
Qu’importe la solidité des prémisses, le postulat étant que l’Algérie doit imploser sur son flanc sud. Les heurts de Ghardaïa sont interprétés sous un angle religieux qui dépasse largement la vérité du litige foncier et immobilier qui a opposé deux communautés, comme cela peut se passer entre deux quartiers ou deux villages, dans n’importe quelle contrée d’un pays. Ainsi, ce contentieux est appréhendé comme résultant d’une querelle de croyances, ICG exploitant les inepties de chaînes obscurantistes en les reprenant à la lettre jusqu’à prêter des pratiques sataniques à des communautés du Sud algérien. Perception délirante de la crise de Ghardaïa où seule la violence a vraiment nourri la violence, selon les aveux de jeunes protagonistes déférés devant la justice.
S’adonnant au jeu de l’amplification, les «penseurs» qui ont inspiré le rapport et l’article grossissent le trait en inventant des clivages impliquant l’Etat algérien à la fois dans une complicité en faveur d’une partie et une supposée complaisance vis-à-vis de l’autre. «Les forces de l’ordre ont été accusées par les communautés mozabites d’intervenir en faveur des communautés arabes (…). Les Mozabites bénéficient, par ailleurs, de certains droits exclusifs en tant que minorité : écoles et mosquées mozabites privées ne font l’objet d’aucun contrôle de l’Etat contrairement aux écoles et mosquées arabes.» La caricature conduit nos experts «ès crise algérienne» à affirmer une chose et son contraire dans le déroulement de leurs tapis de médisances. Citant le Mouvement pour l’autonomie du M’zab, comme s’il était le représentant exclusif des Mozabites qu’on sait très attachés à l’unité nationale, les commentateurs perfides rapportent les accusations de «nettoyage ethnique» en référence à une correspondance de Kamel-Eddine Fekhar, proche du MAK, dont le militantisme fait fi de toute objectivité.
Sous la loupe déformante, la fronde d’une frange de la population contre l’exploitation du gaz de schiste n’a pas échappé aux alchimistes. «La mobilisation a été spontanée, portée par plusieurs facteurs dont la mobilisation de personnalités éduquées travaillant dans le secteur des hydrocarbures, une familiarisation traditionnelle des populations du Sud sur les thématiques environnementales, tout particulièrement les femmes, et la mobilisation sur les réseaux sociaux notamment (…) Pour rappel, cette région fut également utilisée par la France par le passé comme un laboratoire pour mener des essais nucléaires.» D’après ces lignes, la protestation citoyenne sur une question environnementale précise se transforme en une affaire politique où l’Etat algérien se voit pernicieusement comparé à l’ex-métropole coloniale.
Enfin, cet exposé truffé d’extrapolations se termine en osant une assimilation dangereuse de l’activité terroriste dans le Sud du pays avec les mouvements civils de contestation. «Deux branches radicales qui ont pris les armes. La branche dirigée par Bencheneb a collaboré avec le chef terroriste Mokhtar Belmokhtar pour planifier l’attaque du site gazier d’In Amenas en janvier 2013. Tarmoune a pris le maquis et menacé de restaurer, par la violence, les «droits usurpés» de la jeunesse du Sud.» Voilà une entreprise de falsification de l’histoire immédiate qui risque de déplaire fortement aux populations du Sud algérien que ce think tank comploteur veut absolument dresser contre le reste du pays, en lui attribuant des actes et des desseins sortis d’un mauvais film.
La riposte courageuse et efficace de l’ANP aux agresseurs de Tiguentourine ainsi que le retour au calme à Ghardaïa, In Salah et Ouargla ne conviennent manifestement pas aux voyants, ennemis de l’Algérie. Qu’ils regardent bien à travers leur boule de cristal, ils y verront assurément un peuple algérien résolu à défendre son intégrité territoriale et son indépendance quoi qu’il en coûte.
Maya Loucif
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