Comment les services secrets américains et britanniques espionnent l’Afrique
Le journal français Le Monde a publié cet après-midi une partie du fruit de son analyse des documents d’archives fournis par Edwards Snowden, ancien consultant de la NSA, à Glenn Greenwald et Laura Poitras. Le quotidien du soir, qui dit avoir eu accès à ces documents avec The Intercept, révèle que les services de renseignement britanniques et américains consacrent une large part de leurs ressources à l’espionnage économique et diplomatique.
Dans leurs opérations d’espionnage, ajoute-t-il, ces mêmes services «bénéficient d’un gigantesque réseau de surveillance électronique, qui s’appuie aussi, en Afrique, sur d’importants moyens de surveillance des communications par satellite». A ce propos, Le Monde soutient qu’il a pu constater que «la surveillance des flux satellitaires, que l’on pensait quelque peu délaissée par le monde du renseignement au profit des câbles sous-marins, demeure une source d’information de premier choix». Il ajoute que près d’une centaine de relevés d’interceptions du GCHQ britannique révèlent que «le continent africain est largement visé par des interceptions satellitaires».
Autre révélation importante : le journal français explique que le vaste système de collectes d’informations des services américains et britanniques est très loin de se limiter aux groupes armés et terroristes. Les documents consultés jusque-là font ressortir que «dans une vingtaine de pays, ce sont les élites politiques, militaires et économiques africaines qui sont aussi ciblées. Les représentations diplomatiques, soutient le média, n’échappent pas également à cette surveillance soutenue. Il en est de même des organisations non gouvernementales et des cadres des Nations unies».
Les documents du GCHQ, poursuit-on, «montrent que les collectes massives des services de renseignement visent aussi – surtout ? – la protection d’intérêts diplomatiques ou commerciaux. En RDC, objet d’une collecte abondante, ce sont avant tout les ressources minières qui préoccupent les espions britanniques».
Pour protéger, améliorer et maintenir leur système de collecte de données, révèle encore Le Monde, «les espions britanniques et américains visent tout particulièrement les techniciens travaillant chez les opérateurs, à commencer par les spécialistes du roaming, la technologie permettant de passer des appels sur mobile depuis l’étranger». Le journal français indique que «cette collecte ne se limite pas aux techniciens spécialisés : en France, le PDG d’OVH, le plus grand hébergeur de sites web d’Europe, a été directement visé par les services de renseignement».
Khider Cherif
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