Attaque médiatique contre le forum africain d’Alger : Ramtane Lamamra était visé
Ils l’attendaient au tournant. Le forum économique africain organisé à Alger menace leur chasse gardée. C’était aussi le moment idéal pour un guet-apens contre Ramtane Lamamra. D’abord, parce que c’est un événement important pour le rayonnement diplomatique de l’Algérie ; ensuite, en raison de la vulnérabilité de l’organisation mixte regroupant experts et profanes face aux attaques d’officines étrangères que l’initiative algérienne a inquiétées. L’opération de sabordage a été confiée à des acteurs du forum chargés de tromper les médias.
«La cible, c’était d’abord le ministre Ramtane Lamamra. En attaquant le forum, l’objectif principal était d’isoler le ministre des Affaires étrangères qui donne du fil à retordre à tous les adversaires de l’Algérie au niveau régional et international. Sur un plan paradigmatique, il s’agissait de mettre en ruine la démarche de son département en faisant en sorte qu’au lieu d’être reconnu comme l’un des initiateurs de cette dynamique africaine, Lamamra devienne le référent négatif de son échec. A la veille du rendez-vous d’Addis-Abeba, où le Maroc envisage fin janvier un forcing pour réintégrer l’UA sans en adopter les principes anticolonialistes, le ministre algérien des Affaires étrangères est l’homme à abattre.» Notre confident ne veut pas nous parler des aspects techniques du forum qui ont nourri la diversion.
«Je fais confiance à votre journal et son discernement, il y a des choses qui ne peuvent être dites.» L’affront ayant pour objectif de faire mouche, on a délibérément fait croire, au sein de ces cercles médiatiques engagés dans la cabale, que cette «crise» devait provoquer «un probable remaniement ministériel imminent». Combine dialectique vulgaire insinuant qu’on allait pousser vers la porte de sortie le ministre des Affaires étrangères, comme il a été mis fin aux fonctions de l’ambassadeur d’Algérie en poste à Paris. En semant le doute de cette manière, les missionnés ont voulu forcer le ministre à répondre directement à leurs accusations. Il se serait retrouvé dans une situation anormale à s’expliquer sur un incident sans importance pendant qu’on occultait l’essentiel, c’est-à-dire le succès d’un rendez vous politique majeur confirmant le retour de l’Algérie sur la scène économique africaine pour le bénéfice du pays et celui de l’ensemble du continent.
Seulement, le piège qui visait Ramtane Lamamra n’a heureusement pas fonctionné et le redouté diplomate a gardé son sang-froid en se félicitant des premiers résultats du forum. Plus de cent contrats de partenariat signés, des ateliers et une plénière enthousiaste, loin des intrigues des vautours qui ont dramatisé l’incident technique. Il y a bien eu le patron d’Africa 24, Constant Nemale, qui a profité de son rôle de modérateur d’un des ateliers pour s’offrir une publicité gratuite vantant son média, en exhibant des fiches portant au verso la marque bien visible de son entreprise. Ce Français d’origine camerounaise s’est aussi permis de s’immiscer dans une affaire algéro-algérienne.
Par ailleurs, aucun média ne s’est interrogé sur les motifs qui ont mené les organisateurs du forum à confier la sonorisation à des ressortissants français. Cette rencontre avait-elle besoin d’une expertise étrangère du son et des oreillettes ? A posteriori, le détail de l’organisation et les dépassements qui ont émaillé le forum ont montré les limites du mélange des genres. Tendance de la dernière décennie, certains veulent absolument se hisser au rang de la gouvernance sans en connaître les règles élémentaires générales ni celles particulières de la diplomatie algérienne. Sous-politisés, sans aucune culture d’Etat, des individus sont propulsés dans les cercles du pouvoir et en perdent tout sens de la mesure. Ils forment le maillon faible de l’élite nationale actuelle, prêts à trahir le pays par cupidité ou ignorance, parfois les deux à la fois.
C’est l’une des leçons qu’on pourra tirer de l’expérience du forum économique d’Alger : ne pas compter sur les puissances d’argent pour défendre les intérêts de l’Algérie face aux attaques extérieures. Que les patrons défendent leurs entreprises, les institutions algériennes savent assurer leurs missions régaliennes.
Maya Loucif
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