1 873 ONG africaines portent plainte contre Sarkozy pour «déstabilisation de l’Afrique»
L’ancien président français Nicolas Sarkozy est dans le viseur d’un collectif d’ONG qui lui reprochent d’avoir engagé la France dans des opérations de déstabilisation de plusieurs pays africains. Regroupant 1 873 ONG de l’ensemble du continent africain, le collectif vise à engager des poursuites contre lui ainsi que les avocats William Bourdon et Robert Bourgi pour «déstabilisation de la Libye, pillage, complicité de déstabilisation, tentative de déstabilisation du Gabon et de la Guinée équatoriale», a annoncé le quotidien français La Tribune.
«L’Afrique a changé, l’Afrique ne se laissera plus dicter des lois de l’Occident. Nous mettrons fin aux pillages de notre continent par les Occidentaux et nous mettrons fin aux pillages des dirigeants africains irresponsables. Les dirigeants qui s’amuseront à vouloir piller leur pays se feront chasser par le peuple et seront traduits devant la justice de leur pays», a déclaré le secrétaire général de la coalition, Boubacar Gueye. La coalition a évoqué des tentatives de déstabilisation au Gabon, en Guinée équatoriale et surtout en Libye.
M. Gueye a ainsi pointé du doigt l’implication de la France et «la complicité de ses marionnettes» dans la mort du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. La coalition ne s’est pas arrêtée là, elle a également déposé une plainte contre l’ONU «pour avoir cautionné la déstabilisation de la Libye, provocant jusqu’à ce jour des milliers de morts». L’étape suivante : déposer une plainte dans un pays africain et également à La Haye, où siège la Cour internationale de justice (CIJ). Mais pour l’heure, la coalition compte lancer une campagne médiatique de dénonciation afin de «mettre fin aux ingérences de la France dans la gestion de nos Etats (africains)». Aux côtés de Nicolas Sarkozy et des avocats William Bourdon et Robert Bourgui, on retrouve aussi parmi les accusés les ONG Sherpa et Transparency International.
Dans le cas du meurtre de Mouammar Kadhafi, des liens financiers entre Nicolas Sarkozy et le dirigeant de l’ex-Jamahiriya sont régulièrement évoqués. Mais à ce jour, personne n’a vraiment eu à rendre des comptes. Mais la situation peut évoluer. L’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine a été mis en examen la semaine dernière pour «complicité de corruption et complicité de trafic d’influence actif et passif» et pour «complicité de détournements de fonds publics en Libye» dans l’enquête sur des soupçons de financement libyen dans la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Il n’a toutefois pas été placé sous contrôle judiciaire.
Dans une déclaration à la presse, Ziad Tikieddine s’est dit «soulagé par cette mise en examen qui va me permettre de rentrer dans le dossier (du financement libyen présumé) et de continuer à collaborer avec la justice. C’est une reconnaissance de la crédibilité de mes témoignages sur la corruption, cela fait plus de deux ans que j’en parle», a-t-il affirmé. Pour lui, «la prochaine étape, ce sont les mises en examen de Nicolas Sarkozy et Claude Guéant».
Ziad Takieddine était convoqué mercredi dernier par le juge d’instruction après ses révélations fracassantes à Mediapart mi-novembre, où il avait confié avoir convoyé vers Paris, entre novembre 2006 et début 2007, trois valises contenant 5 millions d’euros en provenance du régime de Kadhafi. Des fonds qu’il dit avoir remis deux fois à Claude Guéant, directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, et à l’ancien chef de l’Etat lui-même, ce qu’ils ont farouchement démenti.
Khider Cherif
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