Drames réguliers des migrants subsahariens à Ceuta et Melilla
«Près de 400 migrants originaires d’Afrique subsaharienne ont forcé la haute barrière entourant l’enclave espagnole de Ceuta au Maroc, l’assaut le plus important depuis plus de dix ans. Les migrants ont réussi à forcer les portes en au moins deux points de la barrière de six mètres de haut entourant l’enclave, a précisé à l’AFP un porte-parole de la préfecture.»
Aussi impressionnante que les embarcations qui atteignent les côtes occidentales de la Méditerranée, la déferlante de migrants africains qui a submergé les gardes-frontières marocains et la garde civile espagnole pour pénétrer dans l’enclave de Ceuta vient encore de rappeler la cruelle réalité de l’immigration clandestine et ses conséquences sur les relations internationales. On ne dénoncera jamais assez la situation humiliante que subissent nombre de pays de départ et de transit de migrants sommés d’empêcher des milliers d’hommes, enfants, femmes et vieillards de tenter l’aventure vers les pays riches. Parmi ces Etats humiliés figure en bonne place la monarchie marocaine qui doit maîtriser ses propres nationaux en partance et veiller à renforcer la protection des enclaves espagnoles qui coupent son territoire.
Or, régulièrement, on assiste à des débordements, à des scènes de répression barbare que les Espagnols sous-traitent, en comptant sur la brutalité notoire des services de sécurité du Makhzen. Des morts et des blessés écrivent en lettre de sang l’histoire de malheureux Subsahariens qui fuient la misère, les guerres et se font massacrer au nom d’engagements internationaux honteux. Mais aujourd’hui, il semblerait que nos voisins de l’Ouest n’ont pas pu stopper «les migrants qui ont donné l’assaut en dix points différents de la haute barrière, équipés de cisailles et d’objets tranchants», selon la directrice d’El-Faro, un journal espagnol.
Après la pénétration de centaines de migrants dans l’enclave espagnole de Ceuta, il faut s’attendre à de sérieuses réprimandes des responsables espagnols à l’adresse du roi Mohamed VI. A moins que le royaume chérifien n’ose, enfin, une rébellion et revendique plus fermement sa paternité territoriale sur les enclaves de Ceuta et Melilla. Ce qui paraît invraisemblable quand on se souvient de l’épisode du rocher du Persil qui valut, en juillet 2002, une gifle militaire aux forces marocaines en expédition et immédiatement chassées par la marine espagnole.
Akli Tira
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