Le président du Musée de Paris : «Nous ne restituerons pas les crânes à l’Algérie»
Lors de son audition par la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée française, et dont le compte rendu a été rendu public hier, mardi, le président du Muséum national d’histoire naturelle, Bruno David, a évoqué la complexité du processus de restitution des crânes des résistants algériens réclamés par l’Algérie. «En tant que dépositaires des collections, nous devons évidemment en prendre soin, mais nous n’avons pas le droit de les céder. Cela peut d’ailleurs poser des problèmes éthiques : nous conservons des crânes de résistants algériens du XIXe siècle que l’Algérie réclame, mais, dans la mesure où ils ne nous appartiennent pas, je ne peux pas les restituer sans suivre un processus assez compliqué», a-t-il fait savoir.
Une pétition pour que soient restitués justement ces restes de résistants et qui a récolté un nombre impressionnant de signatures a été lancée par l’enseignant universitaire Brahim Senouci qui dans une interview accordée à algeriepatriotique avait lui-même affirmé que «ces crânes, détail morbide, font partie de collections dites inaliénables. Cela veut dire que leur restitution est théoriquement impossible tant qu’une loi n’aura pas levé cette inaliénation».
De son côté, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, a assuré par le passé que cette affaire est «prise en charge» au plus haut sommet de l’Etat. «Nous œuvrons actuellement en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères pour une prise en charge optimale de cette question dont l’histoire remonte à plus d’un siècle.»
Les crânes à restituer sont ceux de résistants algériens du début de la colonisation française. Ce sont les crânes secs qui appartiennent, entre autres, à Mohamed Lamjad Ben Abdelmalek dit Cherif «Boubaghla», Cheikh Bouziane chef de la révolte des Zaâtchas, dans la région de Biskra en 1849, Moussa El-Derkaoui et Si Mokhtar Ben Kouider Al-Titraoui. On parle aussi de la tête momifiée de Aïssa El-Hamadi, qui fut le lieutenant de Chérif Boubaghla, qui fait partie du lot à restituer. Sera également restitué à l’Algérie le moulage intégral de la tête de Mohamed Ben-Allel Ben Embarek, lieutenant de l’Emir Abdelkader.
Ces crânes sont ceux des résistants algériens tués, puis décapités, en 1849, lors de la célèbre bataille de Zaâtcha. Ils furent longtemps exposés comme des trophées de guerre avant d’être remisés dans les collections du Muséum d’histoire naturelle. Une première pétition a été lancée il y a quelques années pour demander la restitution de ces têtes, dont celles des chefs de l’insurrection des Zibans. Une demande qui reste sans suite.
Mohamed El-Ghazi
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