Quand l’instrument d’Erdogan en Algérie pleure la défaite des terroristes en Syrie
Emboîtant le pas à son mentor Erdogan qui a cherché à couper les ponts avec les Etats-Unis après la tentative du coup d’Etat qui a ébranlé son régime dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, le président du parti islamiste MSP, Abderrezak Mokri, s’en prend, à son tour, aux Américains qu’il accuse d’avoir laissé tomber les groupes terroristes dans la ville d’Alep revenue maintenant sous contrôle de l’armée syrienne. Abderrezak Mokri a publié un message sans équivoque à ce sujet, intitulé «La destruction d’Alep : lorsque le crime a été planifié». Il écrit : «Des gens honorables de Syrie, opposants au régime syrien, m’ont informé il y a quelques mois que les Américains leur ont demandé leur coopération pour en faire leurs agents et quand ils ont exprimé leur refus, ils ont été menacés d’être tous, militaires et civils, livrés aux Russes qui les détruiront. Cette information a été largement répandue et voici, maintenant, qu’Alep est détruite, sa population exterminée et sa dignité bafouée par la coalition russo-iranienne et les milices confessionnelles irakiennes et libanaises sous le couvert et avec la participation du régime syrien criminel.»
En prenant fait et cause pour les groupes terroristes en pleine déconfiture à Alep, Mokri ne surprend personne. Il se charge de dire tout haut ce que son mentor Erdogan craint dorénavant de clamer. Par suivisme aveugle à l’égard d’Erdogan, le président du MSP est obligé de monter au créneau, sachant que la Turquie a été contrainte, par le renversement extrêmement rapide du cours des événements – sur le terrain des opérations militaires en Syrie même et dans le contexte international – de modifier sa position qui consistait à soutenir ouvertement les groupes terroristes. Aujourd’hui, Erdogan ne peut plus déclarer qu’il cherche à renverser le pouvoir de Bachar Al-Assad.
Certaines sources vont jusqu’à avancer que le régime turc a contribué à l’asphyxie des groupes terroristes encerclés à Alep, en fermant la voie à l’arrivée de nouveaux renforts de mercenaires à travers ses frontières. Un fait est sûr : la Turquie collabore avec la Russie pour assainir la situation à Alep libérée des groupes terroristes qui l’occupaient depuis 2012. Mais Mokri doit faire comme si la Turquie était toujours une plateforme pour la prise en charge et l’acheminement à l’intérieur du territoire syrien des mercenaires chargés de détruire ce pays. Il sait que sans le soutien des Etats-Unis qui ont révisé leurs calculs dans la question syrienne, Erdogan n’a plus la liberté d’agir comme il voudrait, c’est-à-dire mener à son terme l’œuvre criminelle de déstabilisation de la Syrie. C’est ce qui explique sans doute la diatribe anti-américaine de Mokri qui exprime amèrement son ressentiment pour Washington soupçonné de trahison. Il a saisi la gravité, pour les islamistes, de la situation à Alep, une ville sur laquelle comptait Erdogan du fait de sa position stratégique pour les déplacements vers d’autres régions.
Il y a deux mois, le président syrien, Bachar Al-Assad, avait rappelé le rôle néfaste d’Erdogan et du régime turc qui ont créé Daech, lui ont donné un soutien logistique et permis de vendre du pétrole à travers son territoire. Parlant de la situation à Alep, il avait promis de «nettoyer cette zone, repousser les terroristes vers la Turquie et les faire retourner d’où ils viennent». Cette promesse est en train de se réaliser. Et Erdogan ne peut plus rien faire, ni dire. Alors le président du MSP se charge de parler à sa place, à partir d’Alger.
Houari Achouri
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