Ahmed Ouyahia rejette les recommandations du FMI
Dans son allocution d’ouverture de la 2e session ordinaire du conseil national du RND prononcée aujourd’hui à Zéralda, Ahmed Ouyahia, en sa qualité de secrétaire général du parti, a rejeté les recommandations des organismes financiers internationaux – entendre par là le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) – faites à l’Algérie face à la crise financière actuelle. Il a commencé par rappeler en quoi consistent ces recommandations : «La hausse des taux d’intérêts du crédit bancaire, la réduction du soutien à l’investissement, la dévaluation du dinar, le recours à l’emprunt extérieur et la suppression des protections de l’économie nationale, dont la règle 51/49». Pour Ahmed Ouyahia, «la mise en œuvre de telles recommandations reviendrait d’abord à stopper l’investissement et la création d’emploi. Elles livreraient ensuite le pays au diktat de ses créanciers. Elles auraient enfin pour conséquences la privatisation au profit des étrangers de nos hydrocarbures, de nos banques, de nos terres agricoles et de toute autre entreprise publique rentable».
Il fait constater, a contrario, que, dans des situations analogues de crise, les pays développés mettent en place des solutions qui sauvegardent leur dynamique de développement, avec la bénédiction, à titre d’exemples cités par Ouyahia, de la Réserve fédérale américaine (FED) et de la Banque centrale européenne (BCE). Et, ajoute-t-il, «lorsque la mondialisation menace les intérêts des pays développés, le patriotisme économique devient légitime pour eux».
Il termine en posant des interrogations qui renferment, en fait, un véritable plan de riposte à la crise. Il suffit de répondre «oui» à chaque question pour s’en convaincre : «Est-ce que la sauvegarde du développement n’est pas légitime aussi pour notre peuple ? Est-ce que le patriotisme économique n’est pas légitime également pour l’Algérie ? Est-ce que nous, Algériens, ne serions pas capables de définir et de mettre souverainement un programme d’action à même de redresser l’équilibre de nos finances publiques et de préserver l’équilibre de notre balance des paiements extérieurs ? Est-ce que nous, Algériens, ne serions pas capables de soutenir l’investissement national public ou privé et de le renforcer par le partenariat étranger productif en Algérie pour substituer la production locale aux importations et pour diversifier notre économie nationale ? Est-ce que nous, Algériens, ne serions pas capables de protéger notre marché au profit de notre production nationale ? Est-ce que nous, Algériens, ne serions pas capables de lutter contre la spéculation et de contrôler les prix de sorte à éviter l’érosion du pouvoir d’achat des citoyens et à éviter l’inflation ?»
Face à ces défis, le secrétaire général du RND suggère une sorte d’union sacrée, «sans distinction de classes ou d’idéologies», entre les travailleurs et les propriétaires, les syndicalistes et les employeurs, la majorité et l’opposition. Il évoque l’expérience des années 1980 pour appeler la classe politique à abandonner «la quête égoïste du pouvoir» face à la crise économique. Il rappelle également le «tribut douloureux que notre pays a payé à l’ajustement structurel des années 1990», au moment où «des centaines d’entreprises ont été perdues. Des centaines de milliers de travailleurs se sont retrouvés au chômage. La classe moyenne avait été laminée».
Il lance un appel pour un «sursaut national» qui «exige des mesures courageuses accompagnées d’une sensibilisation de la population» et qui «exige aussi des partis, des syndicats et des associations la lucidité requise au service de l’intérêt général». Il prévoit que cette situation va durer quelques années et va demander des efforts et des sacrifices sur «un développement libéré de la dépendance aux hydrocarbures». Le «bien-être durable et partagé» qu’il promet aux Algériens est à ce prix.
Houari Achouri
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