Bal d’ambassadeurs au FLN : Ould-Abbès cherche-t-il des sponsors étrangers ?
Le nouveau secrétaire général du FLN, l’ancien ministre Djamel Ould-Abbès, a reçu deux ambassadeurs dans la journée d’hier. Muriel Berset Kohen, ambassadrice de la Confédération suisse, et Bernard Emié, ambassadeur de France, ont donc rendu visite, sur leur demande, tient-on à préciser dans un communiqué du FLN, dans la même journée au chef du parti officiellement allergique à l’ingérence étrangère. Ce n’est pas la première fois qu’un SG du FLN reçoit des ambassadeurs, mais, étant donné le contexte politique national et le remue-ménage qui secoue les structures de l’ex-parti unique, l’opportunité d’un bal des ambassadeurs sur les hauteurs d’Hydra n’est pas évidente. Il faut remarquer d’abord que depuis que le président Abdelaziz Bouteflika est malade, des acteurs politiques ambitieux du sérail s’aventurent à s’immiscer dans les relations extérieures du pays, en versant dangereusement dans une sorte de diplomatie parallèle qui nuit à la crédibilité des institutions du pays. A un moment où les discordances des déclarations sont exploitées par les chancelleries dans leurs notes adressées à leurs gouvernements.
Ainsi, algeriepatriotique n’a de cesse alerté l’opinion politique sur la trahison de la position algérienne, par la mouvance islamiste nationale notamment, au sujet des dossiers internationaux d’importance capitale, comme la crise en Syrie, en Libye ou en Egypte. On se souvient de la fronde animée par des chefs de partis algériens contre la présidence d’Abdel Fattah Al-Sissi, ce qui conduisit le ministre d’Etat Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, à rappeler sèchement, en janvier 2014, qu’«il y a des questions qui relèvent exclusivement des attributions du président de la République et de son gouvernement». Entendre par là qu’il n’appartient pas à l’opposition de mener la diplomatie selon les accointances idéologiques et, de surcroît, contre la souveraineté nationale.
Quid du FLN, vieux parti expérimenté ? Se peut-il qu’il piétine le terrain du domaine discrétionnaire du gouvernement sous prétexte qu’il est la première force politique du pays ? Recevoir deux ambassadeurs – dont celui de l’ex-métropole coloniale –, en pleine tourmente organique du parti qui cache mal une crise politique de fond, ressemble à une quête d’appui extérieur pour affirmer son autorité. Appui extérieur au parti, extérieur au pays !
La maladresse de mauvais augure pourrait irriter El-Mouradia. On connaît la propension des diplomates en poste à Alger à se mêler de ce qui ne les regarde pas. Gouvernance et succession, orientations économiques dans le détail, secrets militaires, nominations… rien n’échappe à la curiosité des ambassades intriguées par l’un des derniers pays arabes qui n’ait pas normalisé ses relations avec Israël et qui résiste encore à l’ingérence des Etats tiers.
Mille raisons de ne pas prendre le risque de trop parler à ces interlocuteurs aux oreilles paraboliques. Djamel Ould-Abbès, qui a occupé plusieurs postes de ministre, a peut-être voulu montrer la puissance de son parti en médiatisant ces visites «prestigieuses». Il se pourrait qu’elles prouvent justement le contraire. Surtout quand on sait que des consuls algériens en France sont propulsés au comité central du FLN…
Maya Loucif
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