Des militants du FFS contestent le fonctionnement du parti
Actualisé – Dans un communiqué rendu public ce jeudi, le FFS annonce la tenue d’un conseil national extraordinaire ce vendredi au siège national du parti. A l’ordre du jour de cette session : la feuille de route et la préparation des prochaines échéances électorales. Selon des sources proches de ce parti, un nouvel exécutif pourrait être installé au terme de cette réunion. De nouvelles têtes feront leur entrée et l’actuel premier secrétaire, Abdelmalek Bouchafa, devrait être remplacé.
Le FFS vit sa première crise post-Aït Ahmed. Elle a éclaté au grand jour moins d’une année après la disparition de son fondateur. Des contestataires ont lancé une pétition pour dénoncer «les pratiques antidémocratiques qui musellent l’expression libre des militants et sympathisants à l’intérieur et l’extérieur du parti». Ils accusent les dirigeants actuels de ne penser qu’à «soigner leur égo et leurs dividendes personnels» et même à utiliser le FFS pour «leur enrichissement privé». Les contestataires se revendiquent d’une démarche basée sur «la morale, la démocratie, la transparence et le respect». La crise au sein du FFS n’est pas une nouveauté. Ce parti est connu pour être traversé par des divergences profondes à chaque échéance électorale, législative ou locale, entre les partisans d’une position qui se veut «traditionnelle» de rejet du «système», exprimée dans le boycott, et les cadres qui s’accommodent du «système» et qui veulent la participation, «tactique», prennent-ils la précaution de préciser. A chaque sortie de crise, le vieux parti d’opposition se retrouve encore plus amoindri.
Mais cette fois, du moins en apparence, comme le confirment les termes de la pétition, le clivage ne porte pas sur l’attitude face aux élections ou même face au pouvoir, mais sur le fonctionnement interne du FFS. On dit que Rachid Halet, député et membre du présidium du parti, s’opposerait à la participation du FFS aux prochaines élections législatives, mais son exclusion – fait saillant de cette crise – se rapporte non pas à une quelconque position politique, mais au fait d’avoir pratiquement confirmé les propos du général à la retraite Khaled Nezzar et ex-ministre de la Défense, qui a démenti de façon formelle toute négociation avec Aït Ahmed au lendemain de l’interruption du processus électoral, en janvier 1992 (voir article d’algeriepatriotique du 2 décembre 2016). Les contestataires ne reprochent pas aux dirigeants actuels leur position politique, mais les qualifient de «traîtres et imposteurs» sans référence à la ligne du FFS.
Le conflit qui secoue le FFS donne l’impression d’une bataille autour de l’héritage laissé par Aït Ahmed, c’est-à-dire un parti politique et surtout un électorat en mesure de promouvoir des militants et cadres au statut de député, très convoité au vu des avantages qu’il procure. Cette bataille se déroule autour des questions de forme touchant au fonctionnement interne du FFS, et non pas sur le fond, c’est-à-dire la démarche politique de ce parti et principalement sa position vis-à-vis du pouvoir, qui ne semble pas avoir radicalement changé par rapport aux dernières années d’Aït Ahmed, dont l’influence a baissé dès la fin 2012, quand il a décidé de «passer le relais» et d’abandonner la direction du parti qu’il avait créé autour de sa personne, au lendemain de l’indépendance.
Les seules interrogations qui avaient alors surgi après le retrait de ce chef historique, véritable repère pour les orientations du FFS, concernaient l’arbitrage des conflits internes, que lui-même réglait de façon irrévocable. Le rapprochement avec le pouvoir a commencé du vivant d’Aït Ahmed, grâce sans doute à la présence d’Amokrane Cherifi au sein de l’instance collégiale de direction. Une des manifestations de ce rapprochement a été la convention nationale sur l’énergie, organisée par le FFS en octobre 2013, qui a vu la participation et l’intervention d’un haut cadre du gouvernement.
En mai 2014, le FFS, sollicité par le Premier ministre Abdelmalek Sellal pour faire partie du nouveau gouvernement, avec deux portefeuilles ministériels, a décliné l’offre. Ali Laskri avait alors expliqué ce refus non par principe, en tant que parti d’opposition, mais par le fait que «la priorité du parti est la reconstruction d’un consensus national et l’organisation d’une conférence nationale de consensus».
Houari Achouri
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