Le mufti de Syrie à Al-Qaradawi : «Va plutôt faire le djihad à El-Qods au lieu d’Alep !»
Réagissant à une récente déclaration du prédicateur égypto-qatari Youssef Al-Qaradawi, dans laquelle il émettait le souhait de participer au djihad à Alep pour combattre l’armée syrienne, le grand mufti de Syrie, Cheikh Ahmed Hassoune, lui a asséné une réponse assommante, en lui suggérant d’aller réaliser son souhait en Palestine occupée pour libérer la mosquée d’Al-Aqsa. S’adressant directement au mufti des takfiristes, il lui dit : «Ne vaudrait-il pas mieux pour toi de songer à faire plutôt le djihad pour la mosquée d’Al-Aqsa, à El-Qods et en Palestine en général, ou même dans ton pays l’Egypte ?» Le mufti syrien, s’exprimant mercredi sur la chaîne libanaise Al-Mayadeen, s’est posé la question de savoir pourquoi, en effet, Al-Qaradawi n’a jamais lancé d’appel pour exhorter ses adeptes à combattre l’entité sioniste qui occupe pourtant un pays musulman et abritant, de surcroît, le troisième lieu saint de l’islam.
Al-Qaradawi, qui est depuis quelques jours atterré par la prise d’Alep par l’armée syrienne, comme le montrent ses derniers tweetts, avait exprimé, il y a une semaine, son souhait de prendre part aux combats aux côtés des groupes djihadistes en Syrie, en déclarant : «Si j’étais en âge de combattre, je n’hésiterais pas un moment pour rejoindre le front à Alep.» Il pressentait en fait la prise (les médias moyen-orientaux et occidentaux parlent de «chute») de cette ville martyre, au moment où les terroristes battaient en retraite sous les coups de boutoir de l’armée syrienne, appuyée par l’aviation russe.
Il faut rappeler que, depuis le déclenchement des insurrections armées dans le monde arabe, Youssef Al-Qaradawi a joué un rôle important dans la galvanisation des salafistes à travers des fatwas aussi saugrenues qu’incendiaires qui étaient systématiquement répercutées par la chaîne Al-Jazeera. On se souvient de sa sinistre fatwa, en décembre 2012, appelant à tuer les oulémas syriens qu’il qualifiait de «suppôts du régime». Trois mois plus tard, le grand théologien et imam Saïd Al-Bouti et quinze fidèles ont été tués dans un attentat-suicide à l’intérieur d’une mosquée en plein cœur de Damas.
En mai dernier, le prédicateur intégriste égyptien s’est une nouvelle fois distingué en lançant un appel, au nom de l’organisation qu’il préside, «l’Union internationale des oulémas musulmans», à l’adresse des groupes terroristes islamistes qui activent en Syrie, les exhortant à cesser de s’entretuer et à s’unir contre l’«ennemi commun». Il a écrit : «Dieu vous a confié cette mission de porter l’étendard du djihad et de défendre l’islam (…) Nous avons été très peinés d’apprendre la mort de centaines parmi vous dans un carnage provoqué par des combats entre frères de combat ayant sacrifié leur jeunesse pour ce qui leur a été promis par Allah.» Il leur demandait instamment de surmonter leurs clivages, «somme toute secondaires», et de ne pas décevoir ainsi la «oumma» qui a «placé tous ses espoirs» en eux. Il disait attendre avec impatience l’«heure de la victoire». En plus d’être un faux dévot, il se révèle être un néophyte en géomancie !
R. Mahmoudi
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