Belani répond à Defraigne qui fantasme sur un scénario à la syrienne en Algérie
L’ambassadeur d’Algérie à Bruxelles, Amar Belani, a répondu en termes crus à Pierre Defraigne, directeur général honoraire à la Commission européenne et directeur exécutif du Centre Madariaga-Collège d’Europe, qui vient de publier une tribune faite d’«allégations fantasmatiques» dans les colonnes du quotidien francophone belge La Libre Belgique (http://www.lalibre.be/debats/opinions/apres-alep-l-algerie-opinion-585382d0cd70fa7e37c4c7c7), dans laquelle il prédit un scénario à la syrienne en Algérie. Nous publions la réponse de notre ambassadeur in extenso.
Dans une opinion publiée par votre quotidien, sous la plume de Pierre Defraigne et sous le titre déroutant «Après Alep, l’Algérie ?», l’auteur dénonce l’impuissance de l’Europe faute «d’unité politique et d’une défense commune» et appelle de ses vœux une politique étrangère européenne effective et autonome, le tout saupoudré de références à la responsabilité morale et à l’humanisme européen en omettant au passage, par oubli certainement, de rappeler le traitement «humaniste et moral» qui a caractérisé la gestion de la crise des migrants et réfugiés fuyant les zones de combat en Libye et au Moyen-Orient.
Ensuite, et sans transition, ce «connaisseur des questions européennes» s’essaye à la pratique divinatoire et dresse un parallèle surprenant avec la situation en Algérie, en recyclant les fantasmes néocolonialistes colportés par certains canards hexagonaux, eux-mêmes abreuvés de sornettes vaseuses distillées par un quarteron d’opposants algériens revanchards bien au chaud de l’autre côté de la Méditerranée.
En commettant ce scénario de politique-fiction dont l’absurdité est digne des romans de Kafka, l’oracle autoproclamé Defraigne se prend les pieds dans ses augures réchauffés et étale imprudemment sa méconnaissance de l’Algérie, de son histoire, de sa réalité sociale dynamique et de ses évolutions récentes.
Il ignore certainement que l’Algérie, forte de l’unité de son commandement et la résilience de son peuple, a mené, il y a plus d’un quart de siècle, sa propre guerre contre le terrorisme et l’extrémisme violent – dont elle est sortie victorieuse –, a tourné définitivement cette page sombre de son histoire pour s’engager résolument dans un processus démocratique irréversible, garantissant la stabilité du pays, le fonctionnement normal et ordonné des institutions de la République, le développement économique et la justice sociale.
Il ignore également que les changements opérés dans toutes les sphères de la vie politique, sociale et économique en Algérie ont trouvé dans la révision de la Constitution en 2016 un point d’ancrage et un socle pour sanctifier le caractère républicain de l’Algérie, consacrer le principe de la réconciliation nationale et transformer la société algérienne dans sa diversité linguistique et ethnique et à travers les sensibilité politiques qui s’y expriment librement, en rempart contre le terrorisme et les idéologies obscurantistes.
Il ignore, enfin, que l’Algérie, forte de ses institutions républicaines et de sa culture démocratique, fruit d’un long processus de maturation interne, a toujours joué un rôle pivot dans la stabilisation de la région. Elle le fait d’abord pour elle-même, étant consciente que son développement et sa sécurité dépendent autant de sa solidité interne que de la stabilité de son environnement régional ; elle le fait aussi pour la sécurité et la quiétude de l’Europe, un voisinage qui n’a jamais eu à faire face, y compris durant la décennie noire, à des flux de réfugiés en provenance de l’Algérie et qui a de tout temps loué l’efficacité et la coopération des services de sécurité algériens pour déjouer les actions terroristes en Europe.
L’Algérie, forte de la résilience de son peuple, de la solidité de son front intérieur, de la robustesse de ses institutions dont une armée républicaine qui constitue un bouclier et un rempart contre tous ceux qui nourrissent des visées attentatoires à la sécurité et à la stabilité du pays, saura, encore une fois, faire ravaler ces allégations fantasmatiques indécentes et immorales comme elle a su, par le passé, faire taire les prophètes de malheur et les imprécateurs qui se recrutaient parmi les mystificateurs malfaisants du «qui tue qui» durant la résistance héroïque du peuple algérien contre les hordes terroristes ou, plus récemment encore, parmi les apprentis-sorciers et autres dames patronnesses du soi-disant «printemps arabe».
Amar Belani
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