Les islamistes appellent à une marche en soutien aux mercenaires syriens
Un appel a été lancé ces dernières heures sur Facebook, donnant rendez-vous aux Algériens vendredi prochain après la prière d’el djoumouâ. Objectif : «marche de solidarité avec nos frères syriens». Sur la photo qui accompagne le texte, les internautes auront remarqué une foule de manifestants qui brandissent le drapeau syrien version «rebelles», bandes vert, blanc et noir et trois étoiles rouges. La messe est dite.
Au lendemain d’une première action de rue ratée qui a ridiculisé le MSP, comme nous le rapportions dans un article précédent, la mouvance islamiste récidive en misant sur la vieille méthode de détournement des fidèles de la prière du vendredi vers la subversion politique islamiste. Remake des années du FIS quand le sinistre Ali Belhadj, qui porte la responsabilité de centaines de milliers de morts, dont son propre fils, haranguait les foules comme un vulgaire vendeur à la criée de poison mortel.
Qui peut oublier parmi les Algériens en âge de l’avoir vécue cette journée de vendredi au printemps 1991 lorsque Ali Belhadj prit rendez-vous avec ses partisans à la sortie de la mosquée Es Sunna de Bab El Oued, son quartier général, en pleine guerre du Golfe ? On assista à une tentative de coup de force par le prédicateur accompagné de ses ouailles qui réclamaient des armes et des camps d’entraînement pour aller «livrer le djihad en terre martyre d’Irak». Ali Belhadj, portant une tenue de combat, uniforme de l’ANP qu’il voulait provoquer en se rendant aux portes du ministère de la Défense nationale, et drainant des centaines de marcheurs dans un climat insurrectionnel. Le FIS mobilisa ce jour-là le footballeur très populaire Salah Assad comme catalyseur de foules. Klaxons et slogans subversifs à bord d’un 4×4 rutilant.
En lisant le communiqué de Facebook appelant à une marche vendredi prochain en guise de «solidarité avec les frères syriens», il est difficile de ne pas y décrypter un mimétisme historique, 25 ans plus tard. Sauf que l’islamisme politique ne trompe plus grand monde désormais dans une Algérie meurtrie et pionnière en matière de lutte contre le terrorisme d’essence islamiste. Les mosquées ou les réseaux sociaux ne sauront manipuler les citoyens algériens vaccinés contre les manœuvres de gourous à la solde de puissances étrangères qui veulent absolument déstabiliser notre pays. En préjugeant de «l’immaturité des masses arabes», comme cela s’écrit dans des rapports de think tank officiels. Vendredi, les fidèles algériens préfèreront certainement prier pour que la fin de la guerre en Syrie, menée par des mercenaires enfin délogés pendant de longs mois, ramène la fraternité et la rahma. Pour que le peuple syrien se réapproprie son destin.
Akli Tira
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