Le casse-tête turc
Par Rabah Toubal – Grisé par les succès incontestables que son pays a enregistrés ces quatorze dernières années, dans de nombreux domaines, sous les différents gouvernements du Parti de la justice et du développement (AKP), d’obédience islamiste, le Premier ministre puis président de la République turque, Recep Tayyip Erdogan, a commis – ou a été poussé par ses partenaires de l’Otan et du Golfe arabique – à commettre une série d’erreurs militaires, politiques et diplomatiques stratégiques fatales concernant le «printemps arabe» et l’évolution de la situation en Tunisie, en Libye, en Egypte, en Syrie et au Yémen, dont il commence, aujourd’hui, à payer le prix fort.
Sa dérive dictatoriale a vite rendu caduque la doctrine de «zéro problème» sur le plan externe, chère à l’ancien ministre des Affaires étrangères et Premier ministre, Ahmet Davutoglu, qu’il a limogé sans ménagement, il y a quelques mois, laquelle doctrine est devenue celle des «problèmes tous azimuts».
L’incroyable tentative de putsch de l’été 2016, officiellement imputée à son ancien allié Fethullah Gülen, a permis au sultan d’Ankara de gagner définitivement le bras de fer qui l’opposait à l’armée turque, laïque, qui a été humiliée par la police infiltrée par l’AKP.
Par ailleurs, l’assassinat, hier à Ankara, de l’ambassadeur russe en Turquie, par un policier turc, va encore compliquer le casse-tête turc, car il intervient après l’affaire de l’avion militaire russe abattu, il y a quelques mois, par l’aviation de la Turquie, un pays désormais boudé par les touristes étrangers et isolé sur le plan régional.
Que reste-t-il du modèle islamiste turc – à part sa «guerre sainte» contre le frère-ennemi kurde – qui ramène le pays aux années de plomb ?
Tel est pris qui croyait prendre !
R. T.
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