La réforme du système de retraite marque le débat social
La réforme du système national de retraite, à travers l’annulation de la retraite anticipée et sans condition d’âge pour donner un équilibre financier de la Caisse nationale de retraite (CNR) et assurer le pérennité de ce système basé sur la solidarité intergénérationnelle, aura marqué le débat social en Algérie durant l’année qui s’achève.
Depuis l’annonce du projet d’amendement du système de retraite par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, lors de la Tripartite tenue en juin dernier, jusqu’à l’adoption du projet par l’APN, marqué par l’introduction d’un amendement du président Bouteflika, le sujet aura pris une place significative dans le débat social avec une succession de grèves dans divers secteurs. L’amendement introduit sur instruction du chef de l’Etat prévoit une période transitoire de deux années pour accorder le droit de bénéficier de la pension de retraite aux travailleurs âgés de 58 ans et plus en 2017 et de 59 ans en 2018 et ayant totalisé au moins 32 années de service effectif.
Le droit à la retraite est concédé, dans ces cas précis, à «la demande exclusive du travailleur salarié», prévoit l’amendement de l’ordonnance 97-13 du 31 mai 1997 relative à la retraite instituant le départ à la retraite sans condition d’âge.
A l’issue de la tripartite, une commission a été mise sur pied pour élaborer ce projet de loi qui fixe l’âge de départ à la retraite à 60 ans par souci d’équité et de préservation des capacités financières de la CNR.
Les membres de la tripartite (gouvernement, syndicat et patronat), avaient conclu, dans le document final, que les conditions actuelles « ne permettent plus » le maintien du dispositif de départ à la retraite sans condition d’âge.
L’ordonnance 97-13 instituant le départ à la retraite sans condition d’âge a été élaborée dans une conjoncture particulière de mise en œuvre du programme d’ajustement structurel, à titre transitoire, pour atténuer les effets induits par les fermetures d’entreprises et des compressions d’effectifs.
Le maintien actuel de ce dispositif entraîne des conséquences dommageables aussi bien aux équilibres financiers de la CNR qu’à l’outil de production qui enregistre, chaque année, d’importantes déperditions au niveau de ses ressources humaines, notamment les plus qualifiées dans un dispositif qui s’est avéré souvent inégalitaire.
Selon une étude du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD), un grand nombre de postulants à la retraite anticipée pouvaient encore être très utiles à leurs entreprises grâce à leur savoir-faire et leur expérience.
Pour les pouvoirs publics, le départ à la retraite sans condition d’âge a favorisé le départ en masse de cadres compétents et d’une main d’œuvre qualifiée des entreprises nationales vers les sociétés étrangères.
R. E.
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