L’Europe couvre les massacres du GIA, sabote l’armée algérienne et se demande pourquoi le terrorisme grandit
Les Occidentaux s’interrogent «comment la menace islamiste a grandi en Allemagne», sous-entendu partout ailleurs en Europe aussi. Leur désespoir est d’autant plus grand qu’ils ne savent plus quoi faire face à ce danger qui prend des formes nouvelles, inattendues, imprévisibles, et ils ignorent ce que comprend l’arsenal atypique des «loups solitaires» téléguidés, comme le sont les drones, à distance par internet, et qui frappent sur un marché des cibles civiles, désarmées, insouciantes, absolument innocentes, composées en partie d’enfants occupés, dans le cas de Berlin, à choisir leurs cadeaux de Noël. Leur incompréhension est totale.
En fait, les Occidentaux sortent brutalement d’une grande désillusion qui avait fait croire à leurs dirigeants que la complaisance, jusqu’à la complicité, avec les terroristes qui agissaient «ailleurs» – dans les années 1990, c’était en Algérie – allait leur épargner la barbarie des fanatiques. Souvenons-nous, cette Europe-là a tout fait pour que les islamistes prennent le pouvoir en Algérie au début des années 1990. Elle a imposé un embargo sur les armes contre l’armée algérienne pour permettre aux groupes islamistes armés de détruire le pays, a offert asile aux extrémistes et aux terroristes, a supervisé la collecte d’argent pour leurs maquis, a actionné ses médias aux ordres pour répandre le «qui tue qui» et ils continuent de déverser leurs boniments sur la Syrie aujourd’hui.
Les analogies entre le scénario algérien des années 1990 et le comportement des dirigeants occidentaux face à ce qui se passe en Syrie est frappant. En Algérie, aussi, ils ont voulu faire croire que les groupes terroristes étaient une «opposition armée» qui faisait de la «résistance au régime de dictature». Le matraquage médiatique du «qui tue qui ?» était tellement fort sur l’opinion publique des pays occidentaux que les Algériens avaient d’immenses difficultés à faire admettre les évidences les plus simples, les plus criantes, comme l’argument des revendications par les groupes terroristes eux-mêmes, à partir justement de capitales occidentales, d’attentats commis en Algérie.
A ce moment, les observateurs honnêtes étaient très conscients qu’il s’agissait de terroristes sans aucune véritable assise dans la population, qui, au contraire, les rejetait. Mais les «stratèges» occidentaux, comme ils le font depuis quelques années pour la Syrie, ont cherché à intoxiquer l’opinion publique en faisant croire que l’«opposition armée» était en mesure de «changer le régime». L’objectif de ces «stratèges» était, comme en Syrie, faut-il le souligner encore, d’imposer la prise de pouvoir par ces groupuscules, qui eux-mêmes savaient qu’ils n’auraient jamais pu s’y maintenir sans l’intervention directe des pays occidentaux.
Des informations avaient filtré à l’époque sur la préparation de troupes militaires étrangères en vue d’«opérations de maintien de la paix» dans la région de l’Afrique du Nord. Pendant ce temps, les «donneurs d’ordre» aux terroristes qui opéraient en Algérie bénéficiaient d’un exil doré dans certains pays qui, actuellement, sont exposés à ce risque. Et après tout cela, les Occidentaux osent se demander comment la menace terroriste a grandi chez eux ! Conséquence : les autorités allemandes sont contraintes de poser dans l’urgence, comme cela s’est fait chez nous dans les années 1990, des blocs de béton pour barrer la voie au passage d’un camion qui foncerait sur la foule. Cela se passe dans un pays décrit par les médias comme «un réservoir pour les islamistes» avec «quelque 8 000 salafistes qui prêchent un islam radical». Après les avoir choyés, l’Allemagne tente maintenant de s’en débarrasser.
Le Tunisien auteur de l’attaque terroriste au camion bélier qui a fait 12 morts et 48 blessés lundi sur un marché à Berlin aurait dû être expulsé. Mais fait curieux : il était soupçonné de préparer une action terroriste, mais se trouvait en liberté et, après son acte criminel odieux, il est «dans la nature» quelque part en Allemagne ou dans un pays voisin.
Houari Achouri
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