Transformé en cercle franco-marocain par Lang : l’Algérie doit-elle quitter l’IMA ?
En plus d’obliger les fonctionnaires de l’Institut du monde arabe (IMA) à s’impliquer dans ses récurrentes actions de «solidarité avec Alep», au cours desquelles des slogans hostiles à Bachar Al-Assad et à Poutine sont très souvent scandés (lire notre article du 18 décembre 2016), Jack Lang n’hésite pas à mettre les moyens de son institution au service des «rebelles» syriens. L’IMA est carrément devenu la tribune privilégiée de l’opposition dite syrienne. C’est ce qui s’est produit au lendemain de son intronisation à la tête de l’IMA en 2013. Et dès son arrivée, il avait clairement affiché ses intentions autant que sa feuille de route «politique». Connu pour apprécier l’atmosphère style «mille et une nuits» des séjours que le roi Mohammed VI lui offre régulièrement à Marrakech pour le remercier de son soutien «amical», Jack Lang avait en effet inauguré son baptême du feu en organisant une «journée» sur la Syrie. Le «débat» a été préparé dans ses moindres détails par sa chargée des relations avec la presse, Salwa Al-Neimi, une figure de l’opposition syrienne en France liée avec des membres du soi-disant Observatoire syrien des droits de l’Homme basé à Londres.
Si l’intitulé de la «journée» pouvait laisser présager un traitement neutre ou à tout le moins contradictoire de la crise syrienne, dans les faits, c’était plutôt une journée de soutien à l’opposition armée syrienne appelant à la chute du régime de Bachar Al-Assad, explique un journaliste français présent sur place. Dans ce débat évidemment biaisé, les pires insanités sur la Syrie ont été dites. Les «journalistes» et les autres personnalités invités y ont proféré d’incroyables mensonges. Des incitations à la haine, des présentations simplistes, des déformations et des appels à l’émotion y ont été proférés à gorge déployée. Cependant, à aucun moment des faits tangibles n’ont été avancés.
A cet événement ont participé pêle-mêle Abderrahim Hafidi, présentateur de l’émission «Islam» sur France 2, Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences Po, Monzer Makhous, «ambassadeur représentant de la coalition nationale syrienne», Ziyad Majed, professeur à l’Université américaine de Paris, et Jack Ralite, ancien ministre. Etaient également présents Basma Kodmani, cofondatrice du Conseil national syrien qui a fait toute sa carrière aux Etats-Unis et qui a travaillé pour la NED, Jean-Pierre Perrin, grand reporter pour Libération, Fabrice Weismann, conseiller à la direction des opérations de MSF, le journaliste du Monde Christophe Ayad, et la chanteuse d’origine marocaine Sapho.
La méphistophélique initiative de l’IMA permet de comprendre la façon dont fonctionne la propagande politico-médiatique autour des événements de Syrie dans laquelle Libération et Le Monde jouent un rôle de premier plan. Cette propagande, explique un journaliste français outré par l’absence de neutralité de l’IMA dans le dossier syrien, «est une propagande où s’imbriquent l’Etat, en particulier par la voix du ministre des Affaires étrangères, la totalité des médias commerciaux possédés par des grands groupes privés, des institutions et des bâtiments de l’Etat et des associations qui vont servir de force militante pour organiser des ‘‘événements’’».
Tout ce monde-là fonctionne, dit-il, «main dans la main et agit comme un rouleau compresseur pour imposer dans l’opinion une version officielle mensongère, rendre inaudible tout point de vue contestataire».
C’est ainsi que l’Institut du monde arabe (IMA), dont la mission première consiste globalement à promouvoir la culture arabe, s’est progressivement mué ces dernières années en une véritable machine de propagande que Jack Lang exploite sans vergogne pour défendre le Maroc et abattre le gouvernement syrien. Cela au point d’en faire une véritable courroie de transmission du discours du Quai d’Orsay. L’IMA calque pratiquement ses positions sur les conflits internationaux sur celle du gouvernement français.
Désormais, il ne se passe pratiquement plus un mois sans que l’IMA organise un événement destiné à discréditer le combat mené par l’armée gouvernementale syrienne contre les dizaines de milliers de hordes terroristes qui, comme tout le monde le sait maintenant, sont chargées expressément par l’Arabie Saoudite, le Qatar et les Occidentaux de faire basculer la Syrie dans leur giron. Bref, il s’agit de visées géopolitiques présentées comme un combat pour la liberté et la dignité. Le tout se fait, bien évidemment, avec l’argent des contribuables arabes, dont celui des Algériens.
Khider Cherif
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