Bernard Kouchner impliqué dans une opération de blanchiment d’argent par une banque qui a sévi en Algérie
On savait que l’ex-ministre français Bernard Kouchner a eu le toupet de défendre le concept honteux de l’«ingérence humanitaire». A présent, on découvre que le mentor socialiste, récupéré un temps par la droite sarkozyste au poste de ministre des Affaires étrangères, s’est frayé un chemin dans l’«ingérence financière». Preuve par l’image, sur une vidéo remontant au début de cette année qui s’achève, on peut le voir rendre visite au président sénégalais en son palais à Dakar. Pas en tant que docteur moraliste de Médecins sans frontières, pas sous la casquette de l’humanitaire engagé pour le codéveloppement. Le complice de la KFOR au Kosovo s’est recyclé dans le staff d’une banque privée, la BDK, domiciliée au Portugal et au Luxembourg. Kouchner abuse assurément de sa stature politique internationale pour introduire son PDG, Duarte Silva, chez le président Macky Sall.
Discours empreint de fausse bienveillance, le banquier Silva fait part des ambitions de son établissement financier «au profit» de l’économie sénégalaise. «Nous sommes en train de devenir aujourd’hui une référence au niveau du marché et des titres de l’Etat du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, de l’UEMOA (Union économique et monétaire d’Afrique de l’Ouest, ndlr) et nous sommes impliqués dans le financement de l’économie et des entreprises sénégalaises», déclare Duarte Silva. C’est alors au tour de Bernard Kouchner de renchérir : «Je suis très heureux, en effet, qu’il y ait une banque nouvelle et que j’en sois un tout petit élément parce que tous les gens qui sont devant vous aiment beaucoup l’Afrique, non seulement l’aiment beaucoup, mais participent au développement de l’Afrique, et en particulier du Sénégal.»
Affichant un large sourire commercial, l’ancien ministre français des bonnes causes internationales personnalise son propos : «Avec le Sénégal, j’ai des liens très particuliers et je crois que cette banque, qui est une banque privée, a déjà des contacts avec toute l’industrie et avec les gens qui développent ce pays de façon très étroite. Nous avons vu les résultats aujourd’hui. Ils n’ont pas été présentés en détail au Président, mais, enfin, le Président sait que cette banque est toute nouvelle. C’est une banque moderne avec une vision sur l’économie de marché sénégalaise certainement, mais aussi africaine, et qui veut se développer à partir de la banque de Dakar dans la région en particulier, en Côte d’Ivoire et dans d’autres pays. Vous allez voir… Vous n’avez vu que le début de la banque !»
Impossible de ne pas repenser à cette fameuse étude sur le système de santé au Gabon que Bernard Kouchner a réalisée contre de gros sous pour Omar Bongo. Pierre Péan révéla un montant global de 2,6 millions d’euros pour un document que des spécialistes ont considéré sans réelle pertinence.
Aussi, la séquence au palais du président sénégalais paraît-elle bien ubuesque. Rendue publique par le JT au Sénégal montrant Macky Sall qui subit, silencieux, la comédie de l’idéologue français des Nations unies portant le costume d’un marchand de tapis. Les paroles et la mimique de Bernard Kouchner ne rendent pas compte seulement du reniement des convictions de l’homme de gauche. Ses bons offices auprès d’un président africain dans l’intérêt d’une banque privée ne se limitent pas à un talent de courtier. En servant la BDK, l’enfant du Quai d’Orsay aurait cautionné une vaste opération de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale en relation avec le BDK Financial Group au Luxembourg, selon le quotidien Libération repris par plusieurs journaux, sénégalais notamment. Le french doctor aurait ainsi été l’administrateur «indépendant» d’un montage financier off-shore de plusieurs centaines de millions d’euros dans lequel sont associés des individus cités dans moult affaires louches. Parmi eux, Ziad Ghandour, un Libanais naturalisé américain qui aurait sévi en Algérie. Nous nous intéresserons à ce dernier dans une deuxième partie.
Maya Loucif
(Suivra)
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