Dossier – Les partis et les législatives : le FLN face au spectre de l’abstention (I)
Tout l’appareil du FLN est déjà mis en branle pour préparer et réussir le grand événement d’avril prochain : le secrétaire général du parti avait donné le ton en réunissant, début du mois, tous les mouhafedhs et les représentants des commissions de transition, dont la mission principale est d’assainir le climat au niveau de la base avant d’entamer la délicate opération de confection de la liste finale des candidats qui sera présentée dans moins de trois mois.
Le FLN veut conserver la longueur d’avance qu’il a sur toutes les autres formations. Déjà majoritaire à l’APN, il a l’appui, direct ou tacite, de la majorité des organisations de masse. Il s’agit pour lui de confirmer sa suprématie quasi absolue sur la scène politique nationale et de mériter ainsi sa place de principal appareil politique du système et, pour son patron, de prouver sa capacité de redresser un parti fortement discrédité et déstabilisé par le règne de son prédécesseur, Amar Saïdani, lequel avait, non seulement semé la zizanie dans ses rangs mais entretenu aussi un climat de conflit avec ses alliés traditionnels du FLN, et notamment avec son alter égo, le RND.
L’enjeu le plus urgent pour Djamel Ould-Abbès et son bureau politique est de parer à d’éventuelles fractures ou tiraillements qui surgissent d’habitude à l’orée de chaque rendez-vous électoral. Il faut rappeler que la confection des listes électorales à la veille des élections législatives du 10 mai 2012 a été l’occasion pour les anciens adversaires d’Abdelaziz Belkhadem de l’offenser mais les résultats du scrutin, qui ont donné une victoire éclatante à l’ex-parti unique, fit reculer un moment la contestation avant de reprendre quelques mois plus tard. Or, la nomination d’un nouveau gouvernement, dans lequel le FLN de Belkhadem, pourtant grand vainqueur des législatives, se trouvera amoindrie et dans lequel Belkhadem lui-même ne figurait plus, a une nouvelle fois mis le parti dans une mauvaise passe, avec l’exacerbation des mécontentements en son sein qui permettra ensuite la montée d’un autre clan.
Plus stratégiquement, il est attendu du FLN qu’il mobilise une majorité d’Algériens et les sensibilise sur la situation socio-économique et politique que traverse le pays, avec un discours qui puisse redonner espoir aux citoyens. Car, au-delà des luttes partisanes et des résultats qui détermineront l’issue de ce scrutin, l’enjeu principal reste évidemment, comme pour toute échéance électorale en Algérie, le taux de participation. C’est la hantise de la plupart des états-majors des partis politiques mais aussi du gouvernement qui redoutent, cette fois-ci, une forte abstention, au vu de la montée des tensions sociales et, surtout, des retombées redoutables de la nouvelle loi de finances.
D’aucuns prédisent, en effet, un taux encore plus faible que celui enregistré aux législatives de 2012, lesquelles, on s’en souvient, ont été sauvées – miracle – par l’appel pressant du président de la République qui avait assimilé ces élections au 1er Novembre 1954, date du déclenchement de la Révolution. La référence était claire, il s’agissait de défendre la souveraineté du pays face aux visées néocolonialistes qui guettaient la région, à travers la vague d’insurrections qui avait secoué nombre de pays maghrébins et arabes et qui a abouti au renversement de tant de régimes.
Avec un taux avoisinant 40%, les législatives de 2012 ont réussi à endiguer l’offensive islamiste lancée par une alliance islamiste avide de pouvoir (l’Alliance de l’Algérie verte, composée de trois partis), qui voulait se présenter comme le prototype de l’alternance mise en place en Tunisie, au Maroc et en Egypte. L’histoire se répète : les islamistes viennent de mettre sur pied une nouvelle alliance dans la perspective de conquérir une part du pouvoir. Un nouveau défi pour le FLN. Mais en est-il conscient ?
R. Mahmoudi
(Suivra)
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