L’ami libanais de Kouchner a-t-il pistonné l’entreprise qui a failli à Biskra ? (II)
Ziad Ghandour est un homme d’affaires libanais naturalisé américain. L’un des principaux associés dans le groupe financier BDK, l’organisme financier privé parrainé par l’ex-ministre des Affaires étrangères français, Bernard Kouchner, reconverti dans le business offshore. Fondateur de TIC Project Management, une société de services et de consulting, le golden boy apparaît sur les radars algériens dans une mission peu glorieuse. Ghandour intervient pour le compte d’une société sud-coréenne, Hanwha, engagée dans la réalisation d’une centrale électrique à Biskra, projet dont l’enveloppe s’élève à 448 millions de dollars.
Selon une source bien informée, la prestation de Ziad Ghandour consiste à «trouver un compromis entre l’entreprise qui accuse un retard significatif dans les travaux de la centrale, qui aurait dû être livrée le 5 janvier 2015», et le client. Le businessman, dont on retrouve la trace en Arabie Saoudite et dans d’autres pays du Golfe, aurait-il son réseau d’influence en Algérie pour que les Sud-Coréens espèrent échapper à la pénalité de retard d’un montant avoisinant les 46 millions de dollars ?
Et quel type de relations pourrait justifier qu’on porte préjudice au maître d’ouvrage, l’Etat algérien en l’occurrence ? Rien ne permet de dire pour l’instant que cet individu et son acolyte, un certain Abdul Hamin Mikati, tous deux recrutés par Hanwha, aient réussi à obtenir l’exonération des pénalités. Cependant, il apparaît que l’actionnaire de la BDK traîne une sacrée réputation de «fin» négociateur dans le milieu des affaires paralégales.
A la veille de l’année 2017, la centrale électrique n’est toujours pas livrée. Point d’information sur un éventuel arbitrage international, inévitable quand un contentieux oppose un Etat et une entreprise étrangère. Pas de compromis annoncé par rapport au non-respect des obligations contractuelles par la société d’engineering et de construction coréenne. Nonobstant les clauses de confidentialité qui peuvent contraindre à la discrétion chez les deux parties, l’ombre de Ziad Ghandour plane au-dessus du chantier de la commune d’Oumeche.
Des fuites font écho de garanties que son groupe BDK aurait données pour convaincre les décideurs algériens d’accorder des délais supplémentaires à la société Hanwha. Tandis que la «Banque de Dakar» n’a aucune représentation officielle sur le territoire national. Or, les révélations des Panama Papers ont poussé les autorités algériennes à reconnaître la domiciliation offshore de la Banque extérieure d’Algérie (BEA) par exemple ; peut-on en déduire qu’un arrangement financier à l’amiable aurait été délocalisé vers la banque intrigante supervisée par Bernard Kouchner ?
Indépendamment de ces hypothèses, le site officiel de la wilaya de Biskra présente son réseau électrique avec la mention «dans l’attente de l’installation de la 4e filiale de production de l’électricité SPE après réalisation de la centrale électrique à Chegga d’Oumeche)». Par ailleurs, la blacklist et la liste rouge de la direction de la réglementation des marchés de Sonelgaz ne signalent pas de disqualification de l’entreprise Hanwha. Enfin, la page «bilan des réalisations» sur le site du ministère de l’Energie et des Mines propose un état des lieux jusqu’à l’exercice 2013.
Sans données actualisées, la transparence perd de son sens et aucune source officielle ne peut nous renseigner à propos de l’évolution du chantier et de la réparation morale et financière du préjudice économique.
Rien d’étonnant si les responsables algériens ont accepté l’entremise de l’associé libano-américain de Bernard Kouchner. L’ingérence des filous ayant toujours été très toxique sur le sol africain.
Maya Loucif
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