Qu’en est-il des 250 millions d’euros de Sonatrach ?
La victoire récente de Sonatrach dans deux arbitrages internationaux nous renvoie à d’autres dossiers conflictuels. Parmi eux, l’affaire de Petroplus, une entreprise suisse en faillite et sur laquelle Sonatrach détient des créances. Le géant pétrolier algérien a-t-il pu obtenir les 250 millions d’euros réclamés à Petroplus avant sa liquidation au courant 2016 ? Le groupe pétrolier public n’a jamais communiqué sur cette affaire.
Ce que l’on sait, c’est que le Tribunal régional du Littoral et du Val-de-Travers, à Boudry (NE), a homologué il y a un peu plus d’un an le concordat par abandon d’actifs proposé par Petroplus à ses créanciers. Le groupe Petroplus a sombré en janvier 2012 sous le poids de son endettement, se trouvant alors dans l’impossibilité de rembourser 1,75 milliard de dollars. L’argent réclamé par Sonatrach concerne une cargaison de plusieurs «tankers» chargés de brut, livrée au groupe de raffinage en dépôt de bilan.
Ainsi, pour cette cargaison, Petroplus devait 250 millions de dollars de factures impayées à Sonatrach. Selon des informations diffusées récemment par Reuters, Sonatrach n’aurait pas été payée pour plusieurs pétroliers remplis de brut qui ont été livrés au raffineur. Le groupe pétrolier algérien n’a jamais parlé des procédures qu’il comptait suivre pour se faire rembourser.
Le liquidateur de Petroplus a émis, en juin dernier, un avis explicatif des procédures à suivre et de la nature des créanciers, très nombreux. L’opération de liquidation a commencé en janvier 2015. Plusieurs étapes ont été franchies. Plusieurs raffineries et sites de production de Petroplus ont été vendus ou cédés à des créanciers.
L’affaire remonte à 2012 quand une enquête a été ouverte pour faillite «frauduleuse» de Petroplus. A l’époque, les responsables de Sonatrach se montraient confiants. Les créances détenues par Sonatrach sur le raffineur suisse en faillite, Petroplus, estimées à 250 millions de dollars, font l’objet de «suivi de la part du groupe algérien qui dispose de mécanismes nécessaires pour résoudre l’affaire», avait déclaré le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi.
«Sonatrach suit l’affaire, les choses ne sont pas arrivées au tribunal mais nous disposons des mécanismes nécessaires pour résoudre cette affaire», avait-il ajouté, tout en assurant que le recouvrement des créances de Sonatrach auprès de ses clients à l’international est pris en charge par des cabinets conseil de renommée mondiale.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Ces créances ont-elles été récupérées ? Si c’est le cas, pourquoi Sonatrach ne l’a-t-elle pas annoncé publiquement, surtout que l’affaire s’est retrouvée dès le départ sur la scène publique ? Une question qui mérite d’avoir une réponse de ce plus grand groupe économique de l’Algérie.
Sonia Baker
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