Les dossiers Khelil et Saïdani seront-ils réactivés après la réhabilitation de la police judiciaire de l’ex-DRS ?
En décidant de rétablir la fonction de police judiciaire à la Coordination des services de sécurité (CSS), l’ex-Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le président Bouteflika entend-il rouvrir tous les dossiers qui avaient été remisés au placard après les changements opérés au sein de cette institution relevant directement de la présidence de la République ? La police judiciaire de l’ancien DRS, alors dirigé par le général Toufik, aujourd’hui à la retraite, avait pour mission d’enquêter sur les affaires de corruption et de les transmettre à la justice. C’est le cas notamment du fameux dossier Sonatrach qui avait débouché sur deux procès, mais sans que le principal mis en cause par l’enquête de l’ex-DRS, l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil, ne fût convoqué par le juge en charge de l’affaire, ni en tant qu’accusé ni en tant que témoin. La police judiciaire de l’ex-DRS avait également enquêté dans l’affaire de la Générale des concessions agricoles (GCA) impliquant de façon directe l’ancien secrétaire général du FLN, Amar Saïdani ; un autre dossier qui finira, lui aussi, au fond du tiroir.
Le retour de la fonction de police judiciaire au sein de la CSS, que dirige le général Bachir Tartag, intervient quelque temps après la nomination de Belkacem Zeghmati au niveau du parquet général de la Cour suprême. L’ancien procureur général près la cour d’Alger avait été limogé le 21 septembre 2015 à la faveur d’un mouvement de magistrats, mais, en fait, pour avoir lancé, durant l’été 2013, un mandat d’arrêt international contre l’ex-ministre de l’Energie. Cette désignation avait suscité une série de questions sur la signification de ce qui apparaissait comme une véritable réhabilitation de ce magistrat dont le président Bouteflika avait officiellement mis un terme à ses fonctions dans un décret présidentiel du 28 février 2016. Le limogeage de Belkacem Zeghmati avait été, alors, présenté par les analystes politiques comme un effet collatéral du départ à la retraite, le 13 septembre 2015, du général Toufik.
Le ministre de la Justice, Mohamed Charfi, avait également fait les frais de cette affaire qui impliquait celui qui est considéré comme un des amis les plus proches du président Bouteflika. Vu la tournure que prennent les événements depuis l’éviction du très controversé Amar Saïdani, qui a été jeté au rebut après une trop longue période d’agitation parasitaire, il n’est pas exclu que l’ancien membre du gouvernement soit, à son tour, rétabli dans son honneur, lui qui fut limogé pour avoir assumé sa mission et fait appliquer la loi.
Se dirige-t-on vers la réouverture des dossiers Chakib Khelil et Amar Saïdani ? Si tel est le cas, le président de la République regagnerait la confiance des citoyens blasés par l’impunité dont jouissent certains hauts responsables jusque-là «au-dessus de la loi». Affaire à suivre donc…
Karim Bouali
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