Les anciennes bâtisses font peau neuve à Alger
La ville d’Alger a connu en 2016 une vaste opération d ’embellissement et de rénovation qui a conféré un visage sain et accueillant à son patrimoine architectural et une valeur touristique prometteuse à la métropole. Les chantiers lancés par la wilaya d’Alger au titre de la première phase du plan directeur d’aménagement et d’urbanisme (PDAU 2015-2035) se sont poursuivis tout au long de l’année 2016 avec l’ambition de réhabiliter la capitale dans le cadre d’une stratégie de développement durable et global. Ainsi, dès le lancement en 2007 de la première phase du PDAU, la wilaya d’Alger a programmé des opérations de rénovation, de maintenance et d’aménagement pour plus de 55 000 anciennes bâtisses. Cette vaste opération, appelée à se poursuivre durant l’année qui s’amorce, a bénéficié d’une importante enveloppe financière allouée par le Fonds national de l’habitat, selon les explications fournies à l’APS par le conseiller du wali d’Alger, Mohamed Maachouk.
Cinq opérateurs ont été chargés du suivi des travaux dans les sept communes concernées (Alger-Centre, Bab El Oued, Hussein Dey, Sidi M’hamed, El Madania, Belouizdad et El Harrach) avec un total de 11 000 vieilles bâtisses réparties en trois catégories en fonction du niveau de risque. Quatorze autres communes seront intégrées l’année prochaine à cette phase de restauration pour garantir un cadre de vie décent aux citoyens.
Le PDAU a réalisé une grande avancée avec la signature par le Premier ministre Abdelmalek Sellal du décret exécutif portant son approbation et sa publication au Journal officiel pour constituer un outil opérationnel qui permettra à Alger de renouer avec son statut de destination touristique de prédilection et de se repositionner dans sa place méritée sur l’échiquier économique en tant que carrefour des investissements par des partenariats public-privé notamment.
Le directeur de l’urbanisme de la wilaya, Mohamed Yazid Gouaouaoui, avait déclaré à l’APS que le nouveau PDAU de portée intercommunale et couvrant la totalité de la wilaya est porteur d’ambitions pour Alger avec une véritable vision stratégique axée sur le développement durable. Chaque édifice de la capitale a ses particularités, d’où la grande responsabilité qui incombe aux personnes chargées de la restauration des immeubles. Il ne s’agit pas d’une simple décoration des façades, comme d’aucuns sont portés à le penser, a-t-il soutenu, expliquant que plusieurs unités sont intervenues sur des détails techniques très minutieux concernant les fissures, les conduites d’eau usées et le confortement des fondations. «Une véritable intervention chirurgicale», a encore fait valoir le responsable, pour qui la première phase de ressuscitation de ce patrimoine matériel concerne le respect de sa spécificité urbaine et la structure de ses matériaux, y compris le bois, le cuivre et le marbre, sans oublier l’aspect ornemental.
Les travaux sont actuellement concentrés sur les grandes artères de la capitale, comme Asselah-Hocine, boulevard Amirouche, Larbi-Ben-M’hidi, Krim-Belkacem et Hassiba-Ben-Bouali. L’enveloppe budgétaire dégagée pour cette opération sera complétée pour qu’elle puisse englober les autres quartiers, selon les assurances des responsables de la wilaya. Les cadres de la wilaya qui planchent sur ce dossier souhaitent la mise ne place d’une agence nationale spécialisée dans la restauration du vieux bâti afin de suivre le travail des sociétés étrangères et nationales qui œuvrent sous la supervision des offices de promotion immobilière d’Hussein Dey, Dar El Beida, Bir Mourad Raïs, ainsi que l’agence foncière d’Alger et la direction de l’aménagement et de la restructuration des quartiers.
Le réaménagement de la capitale a nourri les aspirations de nombreux experts en urbanisme. Halim Faidi, spécialiste en architecture, urbanisme opérationnel et scénographie, propose de traiter la question avec beaucoup de «maturité». De son côté, Slimane Sbaa, ancien enseignant en hôtellerie et encadreur touristique, a estimé que le tissu urbanistique haussmannien de la ville d’Alger constituait un patrimoine architectural témoin d’une halte de l’histoire de la capitale mettant en avant l’importance de le préserver. Les experts restent ainsi sur un ton optimiste quant à l’avenir de la ville qui, forte de projets d’envergure en matière de transport (métro, tramway, téléphérique, desserte maritime) ou encore la réhabilitation de sa façade maritime, pourra reconquérir sa place parmi les destinations touristiques privilégiées.
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