Clash en vue entre la Mauritanie et le Sénégal ?
Déjà très électriques, les relations mauritano-sénégalaises risquent de l’être davantage à l’avenir. Cela notamment depuis la décision de Nouakchott de construire un port militaire à moins de 15 kilomètres de Saint-Louis. Le lancement de ce projet intervient au moment où la Mauritanie revendique les gisements de pétrole découverts récemment non loin de la ville sénégalaise. Aussi, les autorités sénégalaises n’écartent-elles pas l’idée que le président Mohamed Ould Abdelaziz compte arracher par la force ce qu’il ne pourra pas prendre par la négociation.
Selon le site Afric Telegraph et plusieurs médias mauritaniens, le gouvernement mauritanien réclame à cor et à cri la paternité des gisements découverts à hauteur de Saint-Louis. Le chef de l’Etat Mohamed Ould Abdelaziz aurait, dit-on, porté personnellement la revendication auprès de son homologue sénégalais, qui ferait actuellement… «la sourde oreille». A en croire la même source, «cette prétention (de la Mauritanie) irrite et préoccupe le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, qui cherche à savoir comment il pourra convaincre son homologue et voisin du nord que Saint-Louis, ancienne capitale de l’ex-Afrique occidentale française, relève bien du territoire de son pays».
Pour le moment, précise Afric Telegraph, le dossier est tenu secret entre les deux Etats. Des observateurs considèrent que si la situation perdure, l’affaire risque de finir en contentieux international et prendre des années avant de connaître son épilogue. Cette option n’arrange toutefois pas les affaires du président Macky Sall qui, dit-on, veut exploiter au plus tôt cette ressource afin d’alimenter le budget de l’Etat et financer ses projets de développement. Dakar veut commencer à exploiter ces nouveaux gisements de pétrole à partir de 2020. Et c’est justement l’empressement sénégalais qui fait craindre le pire aux mêmes observateurs.
A préciser que la Mauritanie a confié la construction de son port militaire à l’entreprise chinoise Polytechnology, spécialisée dans le commerce d’armement et de technologies militaires. Le jour du lancement des travaux, le 6 décembre dernier, le président mauritanien a indiqué que «le nouveau port de Ndiago revêt un caractère stratégique du point de vue défense et sécurité». Son ministre de la Défense, Mamadou Bathia, avait précisé que le projet comporte «un port militaire à quai accostable des deux bords et une base navale», en plus d’un chantier naval et d’un port de pêche.
Selon plusieurs sources, la société chinoise retenue est «blacklistée» dans beaucoup de pays du continent. C’est le cas du Nigeria, du Zimbabwe et de la Namibie. La société est accusée de pratiques «contraires à la loi». Mais les griefs concernant le domaine militaire viennent surtout des Etats-Unis, qui accusent Polytechnology et trois autres entreprises d’avoir enfreint une loi visant à entraver le développement des armes de destruction massive par l’Iran, la Corée du Nord ou la Syrie.
Khider Cherif
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